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leurs, dans ces provinces, on n’est pas, en général, accoutumé à donner des labours avant l’hiver, de sorte que la terre se trouve tapée, serrée au point que les animaux ont une peine incroyable à la soulever en février, ou en mars. Malgré cela, on peut encore y mettre à profit l’année de repos. Il s’agit, à cet effet, de labourer après la récolte du blé, si une pluie bienfaisante vient ouvrir la terre ; labourer & croiser de nouveau dans le commencement de septembre, pour avoir fini les labours le dix ou le quinze de ce mois, & semer aussi-tôt les rebuts des grains. Des champs ainsi préparés fourniront des pâturages d’hiver, qu’on détruira à la fin de février, afin de profiter de la fraîcheur de la terre, pour la soulever & la croiser par deux forts coups de charrue. On peut encore y essayer les navets & les carottes.

4° Insister sur la culture des grains d’hiver ou de mars, est contraire aux principes des partisans de la suppression des jachères ; ainsi cette objection est nulle, & porte à faux. Il en est ainsi de l’objection du n°. 5.

5°. Celle du n°. 6 est plus spécieuse que réelle. Que deviendront les troupeaux si on supprime les jachères ? Il s’agit encore de s’entendre, & tout sera simplicité. Dans une métairie, il est rare qu’on n’ait pas des champs de qualités différentes, de bons, de médiocres & de mauvais ; c’est sur ce point qu’on doit décider des cultures intercalaires.

Les partisans du système contraire, conviennent qu’un des buts de la jachère est de détruire les mauvaises herbes. Les moutons trouvent donc très-peu de nourriture dans un champ labouré avant & après l’hiver ; & trois à quatre fois depuis cette dernière époque jusqu’au moment des semailles. La jachère est donc presqu’inutile à cet égard.

La culture alternante laisse le même avantage depuis le moment de la récolte jusqu’en septembre, si on sème les mauvais grains pour fourrage d’hiver, ou les carottes ou les navets ; mais pendant l’hiver, saison toujours stérile, voilà un pâturage abondant tout trouvé. Laquelle des deux méthodes est la plus avantageuse pour les troupeaux ? La question paroît décidée.

Comme tous les champs à alterner, ne le sont pas à la même époque ; que plusieurs ne sont semés qu’après, l’hiver, les troupeaux ont donc jusqu’à cette époque les mêmes avantages de part & d’autre, en supposant toutes les circonstances égales. Ces deux champs, mis en comparaison, depuis la fin de l’hiver jusqu’au moment des semailles, se trouvent au même niveau, & les troupeaux ne rencontrent pas une nourriture plus abondante sur l’un que sur l’autre.

En supposant qu’une partie des champs ait été convertie en trèfle, si le sol est bon, & en sainfoin s’il est de qualité médiocre ou mauvaise, le problème se réduit à savoir si la récolte de l’un ou de l’autre de ces fourrages n’équivaut pas à quelques herbes éparses que les troupeaux auroient trouvées sur ces champs. Enfin, rien n’empêche qu’on ne leur donne un peu de ce fourrage, & qu’on ne garde l’excédent, ou