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Fleur composée de fleurons ; le fleuron B est un tube même à sa base, évasé à son extrémité, découpé en cinq dentelures profondes, & posé sur l’embryon, renfermant cinq étamines ; leur poussière séminale composée de globules jaunes & transparens ; les fleurons du disque sont hermaphrodites, ceux de la circonférence, femelles, stériles & plus grands ; le calice est écailleux, denté par ses bords garnis de cils.

Fruit C, semences luisantes, petites, oblongues, aigrettées.

Feuilles très-variables dans la forme ; celles des tiges sont en forme de lance ; celles qui partent des racines sont sinuées & dentées.

Racine A, noirâtre, brune en dehors, ligneuse, épaisse, fibreuse.

Port ; tiges de la hauteur d’une coudée, anguleuses, cannelées, fermes, remplies de moelle ; fleurs purpurines, brunes à leur sommet, plusieurs tiges couchées sur terre ; les feuilles alternativement placées.

Propriétés. La racine a une saveur astringente & nauséeuse ; l’herbe & les fleurs sont astringentes & anti-ulcéreuses.

Usage. On réduit l’herbe & les fleurs en une poudre que l’on donne dans les bouillons astringens à la dose d’une drachme pour l’homme, & demi-once dans une livre d’eau en infusion, pour les animaux.


JACHÈRE, État d’une terre labourable qu’on laisse ordinairement reposer de deux, de trois ou de quatre années l’une, pour être ensuite cultivée & ensemencée de nouveau.

La nature du terrain prescrit le temps que la terre doit rester en jachère. Ce mot trop général pris abstractivement, exige quelques détails.

La jachère ordinaire est l’année de repos que l’on donne à la terre sur laquelle on vient de lever la récolte, c’est-à-dire, que pendant l’année suivante elle ne produira aucun grain, mais elle sera travaillée & disposée à produire l’année d’après. Ce repos peut être de deux ou de plusieurs années si le sol est maigre, & on ne le labourera que dans l’année qui doit précéder celle de la récolte. Quelquefois on fait porter à la terre deux à trois récoltes consécutives en grains, & on la laisse reposer ensuite. Si on sème trois fois de suite, les deux premiers semis sont en froment & le dernier en seigle ou en avoine. On a pour but deux objets en laissant la jachère ; le premier est de faire acquérir au sol, soit par les labours, soit par les influences des météores, (voyez le mot Amendement), les principes épuisés par les récoltes précédentes. Le second est de détruire les mauvaises herbes par les fréquens labours.

La terre s’épuise-t-elle ? est-il nécessaire de laisser une année de jachère, afin de détruire les mauvaises herbes ? Ces deux problèmes sont difficiles à résoudre si on les envisage dans leur généralité, & je dirai même que dans ce sens il est impossible de les résoudre, parce que la différence des terrains, des climats, des expositions & d’une infinité de circonstances locales, ne peut s’estimer. Dans la généralité, la jachère est indispensable tant qu’on cultive suivant la méthode reçue, à moins qu’on n’ait une très-grande pro-