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3°, À la contraction des fibres succède un relâchement sensible, & les alternatives de contraction & de relâchement sont proportionnelles au degré de l’irritabilité, & l’action du stimulant.

4°. Lorsque le jeu a cessé dans les parties véritables, on peut l’y faire renaître par un nouveau stimulant.

5°. Un temps chaud & un peu sec favorise toujours, plus ou moins l’action du stimulant.

6°. Ce ne sont pas seulement des parties entières qui donnent des signes d’irritabilité ; elles en donnent encore après qu’on les a mutilées ou coupées par morceaux.

7°. L’irritabilité végétale a moins d’énergie que l’irritabilité animale, & elle a aussi moins d’étendue, on ne l’aperçoit guère que dans les parties sexuelles, & on ne la retrouve pas dans celles de toutes les plantes.

M. Corolo, ingénieux observateur d’Italie, a fait, sur l’irritabilité des plantes, bien des expériences curieuses qui confirment celles de l’académicien de Pétersbourg. Il a vu, comme lui, les jeux variés des étamines de la centaurée, & il s’est convaincu, par plusieurs procédés, que l’irritabilité de ces parties sexuelles est absolument indépendante des autres parties de la fleur. Il s’est assuré encore que chaque étamine a son irritabilité propre, indépendante de celle de ses voisines. Après avoir observé la force contractile se déployer à la fois dans toutes les étamines, par un léger mouvement imprimé à la fleur, il l’a vu se déployer séparément dans chaque étamine, lorsqu’il venoit à les toucher. Coupées transversalement, & touchées un moment après, les étamines lui ont paru se mouvoir à la manière des bras du polype ; enfin, il a vu une étamine entièrement séparée de la fleur, se contourner en différens sens comme un petit ver dès qu’il venoit à la piquer ; & ce qui est bien plus remarquable, il a vu ces mouvemens s’exécuter dans des fragmens d’étamine, comme dans l’étamine entière.

Le même savant a observé les mêmes faits essentiels dans les parties mâles de quantité d’autres espèces de plantes. L’illustre botaniste de Saint-Pétersbourg, Kolreuter, a aussi remarqué que les parties femelles se contractent avec plus ou moins de promptitude, suivant que le stigmate est arrosé par la poussière fécondante.

« Il semble donc, ajoute M. Bonnet, après tous ces faits, que nous avons extraits de lui, que les parties sexuelles de beaucoup de végétaux possèdent une sorte d’irritabilité fort semblable à celle qu’on observe dans l’animal, & qui se manifeste par les mêmes signes ou par des signes analogues. Dès qu’on l’a reconnue dans les fleurs d’un si grand nombre de plantes, il devient assez probable qu’elle réside de même dans celles où l’on n’a pu encore la découvrir, apparemment parce qu’elle y réside dans un degré trop inférieur. On ne verroit pas au moins pourquoi certaines plantes seroient douées d’irritabilité, tandis que d’autres en seroient entièrement privées ; car nous observons que tous les animaux, depuis l’homme jusqu’à l’insecte, en sont doués ».

Après avoir reconnu les parties principales des plantes susceptibles d’irritabilité, peut-on soupçonner les causes agissantes de cet effet, &