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tagnes ? J’ai donc eu raison de dire que la forme des bassins, successivement décidés par le cours des grandes rivières, & aujourd’hui mis en valeur, prescrivoit des genres de cultures locales.

Tous les sillons & les ados établis, il s’agit de les semer ou de les planter. Si on sème ces ados, l’ouvrier trace avec la pointe d’un bâton, une ligne transversale à la moitié ou au deux tiers de la hauteur, plus ou moins profonde, suivant la nature de la graine, & la recouvre de terre.

La seconde manière est de tracer les lignes sur le terrain lorsqu’il est encore horizontal ; alors le jardinier enlève la terre qui se trouve dans l’intervalle d’une ligne semée à une autre, & de cette terre, il en forme l’ados qui recouvre la graine.

La troisième manière de semer, & sur-tout pour les semis ou plançons, est de former les deux tiers de la hauteur de l’ados, de semer les graines à la volée, de les recouvrir & de finir l’ados avec la terre de la rigole.

La quatrième méthode consiste à faire les rigoles de 6 à 8 pouces de largeur, & les ados dans les mêmes proportions ; alors on ne sème ou plante l’ados que d’un seul côté ; c’est la méthode la plus suivie. La gravure représente, les ados plantés de chaque côté, mais il est aisé, en la voyant, & en considérant la place que les chiffres occupent, de supposer une rigole entre les deux rangs de plantes.

Quelque méthode que l’on suive pour semer, le grand point est de confier la graine à la terre à une hauteur que l’eau d’irrigation ne puisse surmonter, afin que la terre supérieure à la graine ne forme pas une croûte qui s’oppose à sa germination & à sa sortie. CC de la Fig. 2, indique la hauteur à laquelle la graine doit être placée.

Si on a semé à la volée suivant la troisième méthode, & recouvert ainsi qu’il a été dit, le besoin exige que la partie supérieure de l’ados soit arrosée ; alors le jardinier tient le manche de l’instrument, Fig. 3, vulgairement nommé Essade, Aiguade, & promène l’autre extrémité en fer, dans la rigole pleine d’eau, & la fait refluer légèrement sur le sommet de l’ados.

Si on sème des pois, des haricots, & autres graines assez grosses, avec une houlette ou une petite pioche, &c., on fait des trous à une distance convenable, toujours à la hauteur indiquée, & on met plus ou moins de graines dans un même trou, suivant l’espace que les plantes occuperont dans la suite.

La plantation s’exécute de la même manière, & à la même hauteur. Le volume que doit acquérir la plante, décide la largeur de la rigole, & la largeur & la hauteur de l’ados.

Les jardiniers bousilleurs font toujours les rigoles trop peu profondes, & les ados pas assez élevés. L’irrigation ou les pluies ont bientôt comblé la rigole. Voyons actuellement comment on arrose.

J’ai dit qu’on laissoit sans sillonner, un espace de 11 à 18 pouces contre la plate-bande, dans laquelle sont plantés les arbres, & qui borde la table. Ce terrain reste uni, & il est destiné à former l’entrée de la rigole B, Fig. 2. Supposons actuellement que toutes les rigoles soient bouchées, comme on le voit en G, alors la rigole générale ou de communication EE, sera ouverte dans