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garantît la plante du hâle. On reconnoît que la plante commence à dépérir, à la couleur matte qui s’empare des feuilles & de leur duvet, & qu’elle est complètement dégénérée lorsque le fond de la fleur est noir.

C’est le cas, au premier printemps, d’entourer chaque pied de fraisier avec des feuilles, & non avec du fumier, sur-tout dans les provinces du midi. Cet entourage maintient les tiges droites ; le fruit, ne rampant pas sur terre, mûrit mieux & est plus parfumé.

Après la récolte du fruit, on doit visiter chaque pied, séparer les vieilles feuilles inférieures, & couper les tiges à fruit devenues inutiles, afin que la plante pousse avec facilité de nouveaux œilletons.

IV. Des ennemis des fraisiers. Les taupes-grillons ou courtilières, le ver du hanneton, à tête jaune & à corps blanc, celui du moine ou rhinocéros, de couleur grise, & presque aussi gros que celui du hanneton, sont des fléaux redoutables. Ils cernent, ils rongent les racines ; le tronc & la feuille jaunissent, & la plante périt. Dès qu’on s’en apperçoit, il n’est plus temps de la secourir, mais on peut prévenir le mal que ces insectes feroient aux autres pieds, en déterrant les racines & écrasant le ver qui les ronge. Il n’en est pas ainsi de la courtilière ; (voyez le mot Insecte) sans cesse elle court, pratique des galeries, des soupiraux. L’huile seule est capable de la détruire, ainsi qu’il sera expliqué au mot déjà cité.


CHAPITRE IV.

Des propriétés du Fraisier, & des Fraises,


Le fruit a une odeur aromatique une saveur douce, légèrement acidule ; la racine est inodore & insipide.

Les fraises rafraîchissent, tempèrent la soif par la chaleur excessive du corps, par une humeur bilieuse, par la chaleur de la poitrine, rendent les urines plus abondantes, & développent beaucoup d’air dans les premières voies ; c’est pourquoi elles sont contre-indiquées dans les maladies où il y a météorisme ou disposition vers cet état.

M. von-Linné dit avoir éprouvé sur lui-même les heureux effets des fraises mangées en abondance, contre la gravelle & la goutte, & qu’elles enlèvent le tartre des dents.

La racine ne rafraîchit ni n’échauffe, elle n’augmente ni ne diminue le cours des urines, au rapport de M. Vitet, dans sa Pharmacopée de Lyon. L’eau distillée des fleurs n’a pas plus de propriété que celle des rivières.

On donne le suc exprimé des fraises, depuis deux onces jusqu’à quatre, en solution dans douze onces d’eau, édulcorée avec suffisante quantité de sucre.


FRAMBOISE, FRAMBOISIER. M. Tournefort le place dans la seconde section de la vingt-unième classe, qui comprend les arbres ou arbrisseaux dont le pistil devient un fruit composé de plusieurs baies, & il l’appelle rubus. M. von-Linné lui conserve la même dénomination,