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leux d’une plante, mais elle s’appropriera ses principes salins, &c. L’infusion n’est ordinairement employée que pour le règne végétal, & surtout pour les médicamens qu’on veut en retirer. L’infusion se fait à froid ou à chaud, & dans ce dernier cas, le menstrue doit être à un degré de chaleur moindre que celui de l’eau bouillante ; car à ce degré, toute la partie aromatique d’une plante s’évaporeroit avec l’eau réduite en vapeurs. Lorsque l’eau est bouillante, c’est alors une décoction, & non une infusion. Si le végétal y reste un certain temps dans l’eau froide ou chaude, c’est une macération.

Pour bien faire l’infusion des végétaux aromatiques ou odorans, on doit donner seulement le degré de chaleur nécessaire à la séparation, & non à la dissipation des parties volatiles, & pouvoir boucher exactement & à volonté le vaisseau dans lequel on fait infuser. Les bonnes infusions se font au bain-marie ; c’est-à-dire, que l’on prend un vaisseau quelconque, qui supporte l’action du feu ; on le remplit d’eau en quantité suffisante, & on plonge dans ce vaisseau un autre vase de capacité moindre, dans lequel on met le menstrue & la substance qu’on veut faire infuser.

Les menstrues ordinaires sont l’eau pure qui s’approprie les principes de l’odeur, les salins, les savonneux, les mucilagineux. L’esprit-de-vin dissout l’esprit recteur, les huiles essentielles, les substances résineuses, & la plus grande partie des substances savonneuses. On nomme ces infusions, teintures. Les huiles dissolvent l’esprit recteur & les matières huileuses de toutes espèces. Les acides & les alcalis attaquent & dénaturent les substances terreuses des végétaux. On se sert rarement de ces deux derniers menstrues.


INOCULATION, Médecine Rurale. C’est une opération par laquelle on communique aux enfans & aux adultes la petite vérole.

Cette méthode, inventée par des peuples, qui, sourds aux cris de la nature, qu’une abominable cupidité étouffe, font un trafic honteux de leurs filles, pour peupler les sérails des voluptueux Asiatiques, cette méthode, dis-je, a été adoptée pour conserver la plus chère espérance des familles & des empires : apportée de Constantinople en Angleterre, elle y fut reçue comme un présent du ciel. On en fit d’abord l’essai sur des criminels condamnés à mourir ; elle réussit. Aussitôt (en 1721) la Princesse de Galles, depuis Reine d’Angleterre, fit inoculer, sous les yeux du docteur Han-Sloane, ses enfans, le duc de Cumberland, la feue reine de Danemarck, & la princesse de Hesse-Cassel. En 1755 Mgr. le duc d’Orléans fit inoculer Mgr. le duc de Chartres & Mademoiselle, depuis duchesse de Bourbon.

L’inoculation est regardée en Angleterre, comme un moyen victorieux qui arrête les efforts destructeurs d’un mal très-redoutable. Leur espoir n’est point trompé. Cette méthode s’y est soutenue depuis 1721 ; mais alors elle ne fut pas aussi bien accueillie en France. Des soupçons peu fondés, des craintes pusillanimes, des calculs peu exacts, des scrupules imaginaires la firent proscrire. Trente ans après, M. de la