Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/704

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dérément chaud, sont donc les principaux remèdes après la saignée.

Mais si l’ardeur est causée par le froid, la méthode de remédier à ce vice est bien différente ; en effet, le médecin vétérinaire qui entreprend la cure d’une extrémité menacée de gangrène par cette cause, doit songer que, dans l’état d’inflexibilité où les vaisseaux sont réduits par le grand froid, ils ne pourroient, sans se briser, souffrir l’extension que la chaleur des fomentations les plus tièdes leur procureroit en raréfiant l’air dégagé de leur liquide par la congélation, & redevenu élastique, & par conséquent, il ne peut rétablir la circulation dans une partie gelée, qu’en la faisant passer d’un degré de froidure à un autre qui ne lui soit presque pas inférieur, & de ce second, à un troisième qui ne diffère guère davantage de son antécédent ; ainsi successivement, afin que les molécules glaciales se résolvent sans grande expansion de l’air qu’elles doivent repomper ; que la circulation qui doit les remettre en action, recommence par des mouvemens extrêmement doux, incapables de rompre les vaisseaux roidis, & que ces mouvemens n’augmentent de force, qu’à proportion que ceux-ci recouvrent leur flexibilité, & peuvent en soutenir les chocs, sans danger de rupture.

La manière de dégeler ainsi une partie, consiste à tenir le corps dans une place froide, à appliquer sur la partie gelée, de la neige, ou des linges trempés dans de l’eau prête à geler, jusqu’à ce que la couleur livide, bleuâtre de la partie, soit dissipée. On passe alors dans un lieu chaud, ayant cependant l’attention de ne pas approcher l’animal du feu ; & lorsque la partie refroidie a repris sa chaleur naturelle & sa sensibilité, ce qui est une marque du retour de la flexibilité extensible des fibres, on met l’animal dans sa place ordinaire, on le couvre, & on lui fait avaler quelques chopines d’une infusion de sassafras, ou de quelqu’autre diaphorétique, & l’on fomente la partie malade avec les aromates.

Dans certains animaux, le genre nerveux est d’une sensibilité si exquise, que le danger du changement de l’inflammation en gangrène dépend entièrement de la vivacité du sentiment. La connoissance qu’on a des agitations convulsives & du délire, qui accompagnent l’inflammation, servent à reconnoître cette cause ; dans ce cas, on ne doit pas hésiter d’unir les narcotiques aux autres rafraîchissans ; car les vaisseaux étant suffisamment désemplis par les saignées, & le sang rafraîchi par les remèdes de cette classe, rien n’est plus propre à calmer les accidens, que les anodins pris intérieurement, & appliqués à l’extérieur. Les inflammations du cerveau, des intestins, de la vessie, les pleurésies les plus aiguës, &c., fournissent assez souvent les occasions d’employer ce genre de rafraîchissans. M. B R.


INFUSION. Séjour d’une substance dans une liqueur quelconque. Le menstrue ou la liqueur doit être approprié à la substance qu’on veut faire infuser, c’est-à-dire, de nature à s’approprier telle ou telle partie de cette substance. L’eau, par exemple, ne s’emparera pas des principes hui-