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impétuosité trop grande des humeurs. La saignée peut donc être très-avantageuse au commencement de ces maladies, sur-tout dans des sujets pléthoriques, lorsque le pouls est oppressé, petit, enfoncé ; mais ayant du corps & une certaine force, la saignée alors élève, développe le pouls, augmente la fièvre, & fait manifester l’inflammation dans quelques parties. Mais les saignées trop multipliées relâchent & affaiblissent considérablement les vaisseaux, troublent & dérangent les évacuations critiques, augmentent la dispotion de la partie affectée, qui ne provient vraisemblablement que d’une foiblesse, & rendent par-là l’engorgement impossible à résoudre. Les lavages, les délayans doivent être mis en usage.

Il est certain cas où les purgatifs peuvent être employés dans les maladies inflammatoires avec fruit, parce qu’il est à propos de balayer les premières voies, lorsqu’elles sont infectées de mauvais sucs, & qu’elles sont comme engourdies sous leur poids. D’ailleurs, par ce moyen, on prépare aux alimens & aux remèdes un chemin pur & facile, qui, sans cette précaution, passeroient dans le sang, changés, altérés & corrompus. Mais cette indication doit être bien examinée ; car les signes ordinaires de putréfaction ne sont souvent que passagers ; un purgatif qui ne seroit indiqué que par eux, seroit souvent hasardé. On connoîtroit plus sûrement si l’estomac & les intestins sont surchargés & infectés de mauvais sucs, si les humeurs se portent vers les premières voies, par les différens caractères du pouls ; (voyez Pouls) ; alors on a tout à espérer d’un purgatif placé dans ce cas. Pour ne pas exciter une superpurgation, il doit être léger ; le développement du pouls succédant à l’évacuation, en désigne la réussite. On l’administre au commencement de la maladie inflammatoire ; mais pour en prévenir les effets, & en faciliter l’opération, il faut qu’il soit précédé d’une ou deux saignées. Si l’on ne purge que vers la fin de la maladie, ce n’est pas lorsque l’humeur morbifique s’échappe par les voies de l’expectoration ou de la transpiration, &c. parce que les purgatifs attirent aux intestins toutes les humeurs, les dérivent des autres couloirs, détournent principalement la matière de la transpiration, & arrêtent l’expectoration, &c. Les purgatifs ne peuvent donc favoriser les évacuations critiques, que lorsqu’elles enfilent les voies des matières fécales.

Les émétiques ne détournent point la transpiration, ils excitent une secousse générale qui est très-souvent avantageuse. Le cheval, le mulet, le bœuf, &c, ne vomissent point ; néanmoins ces purgatifs peuvent être d’une grande ressource dans les maladies inflammatoires qui attaquent les chiens.

Si la fièvre est trop foible, qu’on aperçoive une langueur, un affaissement dans la machine, il faut avoir recours aux stimulans, aux cordiaux plus ou moins actifs, aux élixirs spiritueux, aromatiques, aux huiles essentielles, &c.

Dans ce cas, les vésicatoires relèvent le pouls, augmentent sa force, sa tension, font cesser les assoupissemens, calment souvent les délires,