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& plus dangereuses, que celles qui ne tiennent leur existence que d’un dérangement local dans la partie qui en est affectée.

Celles, au contraire, qui sont produites par le feu, les caustiques actifs, les luxations, les fractures, &c. peuvent mettre la vie de l’animal dans le danger le plus éminent.

Ce n’est pas ordinairement leur grande étendue qui les rend plus dangereuses, c’est la vivacité de la douleur, & la violence des accidens qui en peuvent résulter, qui rendent le péril plus ou moins pressant, comme la fièvre, les convulsions, le délire, &c.

La constitution du sujet, son tempérament, son âge, &c., peuvent encore faire varier le pronostic de l’inflammation ; dans un vieux animal, elle se termine rarement par la résolution, elle dégénère plus communément en suppuration ou en gangrène ; dans les jeunes animaux d’un tempéramment vif & sanguin, les accidens sont toujours plus graves, l’inflammation est bientôt terminée en bien ou en mal.

La résolution est pour l’ordinaire la seule terminaison qui soit vraiment curative ; néanmoins il peut se présenter quelques circonstances particulières où la suppuration soit plus salutaire. Si l’une ou l’autre de ces deux terminaisons ne peut avoir lieu dans l’inflammation extérieure, alors il survient des accidens extrêmement violens, qui mettent la vie de l’animal dans le plus grand danger. C’est le cas de désirer que la partie enflammée soit frappée de la gangrène, dans l’espérance que la mort de cette partie sauvera la vie à toutes les autres.

D’ailleurs le praticien doit examiner de près les signes qui présagent la terminaison de l’inflammation. Il doit s’attendre à la résolution, lorsque les signes de l’inflammation sont modérés, que la douleur est légère, lorsqu’il commence à voir une diminution graduée & insensible dans le volume & la dureté de la tumeur, & qu’il observe une humidité autour des poils qui garnissent la partie enflammée.

Si les symptômes augmentent, que la tumeur ait une pointe extrêmement dure, qu’il y sente un battement plus sensible que dans les autres parties de sa surface, il doit s’attendre à la suppuration.

Si la douleur, le volume de la tumeur, & la chaleur diminuent sensiblement, & que la dureté & la résistance deviennent graduellement plus marquées, il doit conclure que cette espèce d’inflammation se transforme en squirre, & que cette terminaison n’a lieu que dans les parties glanduleuses.

Si au contraire, l’augmentation des symptômes est fort considérable, que la tension soit excessive, que la douleur soit extrêmement vive, qu’il ne sente point de battement, que le poil se hérisse & tombe par place, que la peau se flétrisse, qu’elle devienne noirâtre, & que la douleur cesse, pour ainsi dire, entièrement, le praticien peut être assuré que la gangrène est déjà commencée.

La curation. Nous la bornerons à indiquer l’usage de quelques remèdes qu’il est à propos d’employer dans le traitement des inflammations extérieures, telles sont la saignée, les émolliens, anodins, narcotiques, résolutifs, suppuratifs, & anti-gangreneux.