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vement progressif du sang est plus gêné, & qu’elle est plus aidée par le mouvement intestin.

La tension est l’effet de la pression contre nature du sang qui se porte avec impétuosité dans les vaisseaux de la partie enflammée, & la douleur y existe, tant que la force qui comprime cette partie n’est point ôtée.

Cette force vient de la fréquente pulsation des artères, & celle-ci, du déplacement de ces canaux artériels, au moyen duquel ils sont portés, tant que cette force contre nature a lieu avec force, vers le doigt qui leur est appliqué.

On peut d’abord mettre au rang des causes qui produisent l’inflammation, celles qui commencent par irriter la partie qu’elles attaquent, & à opérer ensuite la stagnation du sang ; le feu, les caustiques, les vésicatoires, la suppression de la matière de la transpiration, les dépôts de quelqu’humeur extrêmement âcre, les luxations, les fractures, &c, sont de ce nombre.

Il est d’autres causes de l’inflammation qui peuvent se compliquer avec les précédentes ; la différence qui existe entr’elles, c’est que celles-ci commencent par la stagnation du sang, & non par irriter la partie qu’elles affectent. Telles sont celles qui produisent d’abord l’inhérence du sang ou l’obstruction des vaisseaux ; mais pour que le fluide soit inhérent, ou qu’il circule plus difficilement dans les vaisseaux de quelques parties, il faut que sa masse augmente au-delà de ce qu’ils en peuvent contenir, ou que leur diamètre diminue.

Or, les causes qui disposent à l’augmentation du sang, sont les travaux excessifs auxquels on livre les animaux, l’augmentation des excrétions séreuses, la plétore. La masse de leur sang augmentera encore, eu égard à la capacité de ces petites branches artérielles ; car, si plusieurs globules sont poussés avec trop de rapidité, & qu’ils se présentent en même temps à l’embouchure d’un vaisseau qui n’en peut admettre qu’un seul, c’est le cas de la fièvre, & si ces globules sont trop fortement liés les uns aux autres, pour que l’action des petits vaisseaux puisse les désunir, c’est le cas de l’obstruction.

Les causes qui excitent l’inflammation en diminuant le diamètre des vaisseaux, peuvent provenir de la compression des tentes & des tampons que des maréchaux inhabiles placent mal-à-propos dans les plaies, ou de celle qu’éprouvent les vaisseaux qui avoisinent les parties luxées ou fracturées, ou de la compression d’un sang trop abondant qui, en distendant les vaisseaux qui le contiennent, comprime & diminue la capacité de ceux qui les touchent, à mesure qu’ils le distendent.

L’inflammation vient aussi des ligatures trop serrées. On peut citer pour exemple, la manière dont les maréchaux saignent les chevaux à la jugulaire ; en effet, leur routine n’a souvent d’autre issue que de faire naître une nouvelle inflammation, lors même qu’ils ont la meilleure volonté de dissiper par la saignée celle qui existe ; car la plupart serrent si fortement le col du cheval avec leur ficelle, qu’elle comprime & étrangle en même temps toutes les veines qui apportent continuellement le sang dans les troncs qui sont chargés de le verser dans le cœur.