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nature du sang artériel inhérent. Le cheval, le bœuf, &c., n’en sont attaqués qu’autant que leur sang se porte avec plus de vîtesse dans la partie enflammée, & que son retour au cœur se fait avec moins de vîtesse par les veines ; car il est certain que dans l’inflammation la partie enflammée reçoit plus de sang qu’elle n’en transmet dans les veines ; d’où il résulte que celui qu’elle retient, s’accumule dans cette partie, la gonfle, réchauffe & la rougit.

Cette accumulation se fait principalement dans les petites artères & dans le tissu cellulaire, en suintant à travers les pores de ces petites branches artérielles. La cause de cette transsudation dans les cellulosités, est aisée à comprendre. Le sang étant porté avec violence dans les artères de la partie enflammée, & ne trouvant pas une sortie proportionnée aux veines, enfile les pores par lesquels la graisse & la vapeur gélatineuse se répandent naturellement dans les cellules, & suinte par ces pores, parce que la force nouvelle du sang artériel, en dilate le calibre, qui dans son état naturel n’admettroit pas les globules du sang.

Un autre effet non moins certain de l’inflammation, c’est que tout le corps de l’animal qui en est atteint, est en fièvre, ou simplement la partie enflammée ; de sorte que si le mouvement du sang n’est pas accéléré dans tout le corps, on observe toujours que les artères de la partie enflammée battent plus vite & plus fort que dans l’état ordinaire.

Mais comme, parmi les parties qui forment le corps de l’animal, les unes sont internes & les autres externes, nous distinguerons l’inflammation en interne & en externe.

1°. De l’inflammation externe. L’inflammation externe est celle qui a son siège, tantôt dans des parties extérieures fixes & déterminées, comme l’avant-cœur, ou anti-cœur, sur le poitrail du cheval, le talpa ou testudo, sur le sommet de la tête de cet animal, l’ophtalmie, &c.

Tantôt dans des parties indéterminées, comme les coups de pieds, de dents, de cornes, les morsures des bêtes venimeuses, les brûlures, le claveau, l’érysipèle, &c.

Toutes ces diverses espèces d’inflammations extérieures se manifestent de différentes manières. Ici le sang se porte dans les vaisseaux de la conjonctive, les surcharge & les gorge : ailleurs, c’est une tumeur ronde comme le phlegmon, ou elliptique, comme dans le claveau, ou aplatie comme dans l’érysipèle. Chacune de ces affections superficielles est accompagnée de chaleur, de tension, de douleur, de pulsation & de rougeur. Tels sont les symptômes qui caractérisent essentiellement l’inflammation qui affecte extérieurement l’animal ; quoique la rougeur en soit un signe inséparable, elle n’est néanmoins bien sensible que dans l’inflammation de la conjonctive du palais ; &c. ; on l’apperçoit aussi dans les moutons, à la face supérieure & interne de leurs cuisses, ainsi que dans toutes les parties externes du corps des animaux dont le poil est de couleur blanche, ou qui en approche, & dans tous les endroits qui sont dénués de poil.

Le tact indique la chaleur, la tension & la pulsation. La chaleur est d’autant plus forte que le mou-