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colère, la trop grande joie, & enfin tout ce qui peut nous affecter trop agréablement ; du poison pris intérieurement, les coups, les chutes, les brûlures, les frottemens trop longs & trop répétés, les ligatures, & tout ce qui gêne ou ralentit le sang dans sa circulation, sont autant de causes qui l’occasionnent. L’inflammation peut être essentielle, de même que symptomatique. Cette distinction est très-importante dans la pratique, un organe peut être affecté d’inflammation par communication d’un autre organe ; les symptômes qui la caractérisent diffèrent peu de ceux qui accompagnent l’inflammation essentielle, & ne sont pas aussi forts ; la douleur est vague, & change souvent de place, le poulx n’est pas si fréquent ni si tendu, il est plus ondulent & plus mou. Il vaut mieux alors combattre la cause symptomatique par des remèdes appropriés, que de trop insister sur la saignée & sur l’usage des antiphlogistiques.

L’inflammation a plusieurs terminaisons. On en compte ordinairement quatre, qui sont, la résolution, la suppuration, l’induration, & la gangrène.

La résolution a lieu, lorsque la matière qui constitue l’inflammation se dissipe graduellement avant le septième jour sans aucune altération sensible des vaisseaux ; on peut rapporter à la résolution la délitescence qui n’en diffère que par le plus de promptitude.

La suppuration se fait lorsque le sang arrêté, & tes vaisseaux obstrués sont changés en pus. La continuation des accidens au-delà du septième ou huitième jour, & la douleur purgative l’annoncent, & sur-tout l’augmentation des accidens avec tension douleur & pulsation. Elle se termine par induration, lorsqu’elle laisse après elle une tumeur dure, indolente, & d’une nature squirreuse ; ce n’est que lorsqu’il y a engorgement dans quelque glande ; enfin, elle se termine par la gangrène, lorsque la partie enflammée meurt, & les symptômes inflammatoires cessent tout-à-coup : la partie alors devient plombée, noire & livide, & répand une odeur cadavéreuse.

On a sujet de la craindre, quand après les huit ou neuf premiers jours tous les accidens redoublent sans aucune marque de suppuration.

L’inflammation qui intéresse la peau & les parties charnues, est moins dangereuse que celle qui attaque les glandes, les tendons & les nerfs. De même l’inflammation qui a son siège extérieurement, est encore moins à craindre que celle qui se fixe au gosier au poumon, à l’estomac & aux intestins. Il est encore bon d’observer que plus l’inflammation est considérable, plus elle menace d’un plus grand danger. Les indications à remplir dans le traitement de cette maladie, se rapportent aux causes internes ou externes qui la produisent. Celles qui regardent l’intérieur, sont en général, 1°. de diminuer le volume du sang & l’effort avec lequel il aborde à la partie enflammée, & de remédier à l’ardeur & à la douleur, en diminuant l’engorgement & le tiraillement de la partie affectée ; 2°. de détremper le sang trop épais, & de le rendre par-là plus propre à couler dans les vaisseaux de la partie enflammée ; 3°. enfin, de rabattre la trop grande raréfaction du sang.