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vomitif qu’on pourra avoir, tel que l’ipécacuanha en poudre, à la dose de 18 à 20 grains, ou quelques gouttes du sirop émétique de glaubert ; remède excellent dans ce cas, pour les enfans. On aide à l’efficacité de ces remèdes, par beaucoup d’eau chaude que l’on fait avaler en différentes reprises.

La saignée est mortelle dans l’indigestion ; il est néanmoins des cas où l’on doit la pratiquer lorsqu’il y a pléthore, tendance d’humeurs vers la tête, délire, assoupissement, convulsion, fièvre forte, & douleur très-vive ; mais il faut avoir l’attention de ne la pratiquer que vingt-quatre heures après l’invasion. Il paroît que les médecins modernes se sont soumis à l’action victorieuse de la saignée ; (Voyez Journal de Médecine, Février 1759). mais cette pratique est proscrite par trop d’événemens malheureux. Il vaut mieux recourir à des moyens moins puissans, & pas si dangereux. Les bains de jambes peuvent y suppléer, & apporter quelque soulagement. L’indigestion est quelquefois si considérable, que l’estomac n’a pas la force de se soulever, ni de produire les différens symptômes que nous avons rapportés, & qui sont autant de preuves des efforts qu’il fait pour se débarrasser de ce qui le charge ; aussi voit-on, dans ce cas, les personnes attaquées d’indigestion, tomber tout à coup sans connoissance & sans mouvement, tout comme si elles étoient frappées d’apoplexie. Il faut alors leur donner l’émétique, & aider l’effet salutaire de ce remède, par beaucoup d’eau tiède ; les lavemens purgatifs produisent un changement très-avantageux. Pour l’ordinaire, les malades reprennent l’usage de leurs sens à mesure qu’ils s’évacuent. Les purgatifs seront employés, & seront aussi plus ou moins répétés, après qu’on aura délayé les matières indigestes & putrides, & qu’on les aura rendues plus propres à l’évacuation. Il est toujours prudent de se purger à la suite d’une indigestion grave. On tarit & on enlève en même temps le foyer qui reste & qui pourroit reproduire une nouvelle indigestion.

Le thé, la sauge, la camomille, pris en infusion, sont des remèdes souverains pour l’indigestion légère ; ils sont même suffisans pour la prévenir. L’eau de luce, l’alcali volatil fluor, sont des remèdes trop actifs ; on ne doit s’en servir que lorsqu’on a en vue de réveiller les malades qui sont dans un état soporeux, ou d’exciter la nature languissante qui a besoin de toutes ses forces pour surmonter ce qui l’accable.

Les personnes foibles, dont l’estomac est paresseux, & conséquemment très-sujettes à l’indigestion, préviendront cette maladie, en se privant de tout aliment grossier, & difficile à digérer. Elles feront très-bien de prendre un peu de café immédiatement après le repas, ou des glaces au citron ou au verjus, si elles peuvent s’en procurer : rien au monde de plus efficace pour soutenir les forces digestives, & redonner aux organes affoiblis, ce ton naturel si nécessaire pour opérer une digestion parfaite. M. AMI.


INDIGO. (Voyez Anil).


INFLAMMATION. Médecine rurale. Mot générique employé