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Art d’élever la Volaille par le moyen d’une chaleur artificielle.

I. Traitement des poulets dans le couvoir. Avant de percer sa coquille, le poulet fait entrer dans ses intestins, par le nombril, une portion considérable du jaune, qui le dispense de prendre d’autre nourriture pendant les deux premiers jours de sa naissance ; c’est-là comme le lait que la nature lui a préparé. Dans les premiers temps de sa vie, le poulet a encore plus besoin de chaleur que de nourriture ; aussi ne se pressera-t-on pas de faire sortir du couvoir, les poulets qui y seront éclos, ils y sont mieux que par-tout ailleurs, pour se fortifier. On pourra donc les y laisser 3 ou 4 jours ; mais on ralentira un peu la chaleur, & on ne la fera monter que de 26 à 28 degrés.

Ce ne sera que vers la fin du vingtième jour, qu’on donnera à manger & à boire aux poulets. Leur nourriture, tant qu’ils resteront dans le couvoir, sera du pain rassis émietté, avec lequel on mêlera un peu de millet, & de la mie de pain humectée avec du vin. Quand on aura des œufs de rebut, on les fera durcir & on les leur pilera avec la coquille. On leur donnera de l’eau qu’on aura soin de renouveler deux ou trois fois par jour, ainsi que la mie de pain trempée, de peur qu’elle ne s’aigrisse.

Enfin, au bout de quatre jours, les poulets éclos doivent faire place à une nouvelle couvée. On les met dans des paniers peu profonds, dont le couvercle est garni de peau d’agneau, & on les transporte dans l’étuve destinée à les recevoir, & que nous allons décrire.

II. Traitement des poulets dans la première étuve ou poussinière. L’étuve où l’on fait entrer les poulets du premier âge, & que par cette raison on peut appeler poussinière, est une chambre ou salle au rez-de-chaussée, de six pieds au plus de hauteur & d’une grandeur proportionnée au nombre de poulets qu’on y veut élever. En supposant que ce nombre soit au nombre de 3000, la poussinière doit avoir environ 360 pieds quarrés ; par exemple, vingt-quatre pieds de long sur quinze de large.

Il seroit bon de faire plafonner le plancher supérieur de cette étuve, afin que l’air froid ne pût s’y introduire par cette voie. La poussinière doit avoir deux fenêtres au midi, de toute la hauteur de la pièce & une double porte fermant bien exactement. La seconde porte intérieure s’ouvre à coulisse ; elle a par le bas une partie fixe de 7 à 8 pouces de haut, pour que les poulets ne se prennent pas entre les deux portes, & qu’on ne soit pas exposé à les écraser en entrant dans l’étuve. Cette seconde porte peut être vitrée par le haut.

On échauffe cette étuve avec un fourneau ou un poêle de brique, (Pl. XXVI, Fig. 1), à peu près semblable à celui qui échauffe la colonne. On place ce poêle au milieu de l’étuve : voici en quoi il diffère principalement de celui du couvoir.

De chaque côté de la porte du poêle, on rétrécit le foyer de deux pouces, en sorte que ce foyer a 10 pouces de long sur 16 de large.

À un pied au-dessus de la grille du foyer NN, Fig. 1, on pose horizontalement, & on fiche