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lon la saison, comme on le pense bien : l’observation seule peut déterminer ce rapport. Quand on trouve que le thermomètre plongé est notablement au-dessus ou au dessous du degré où il doit être, on est averti de ralentir ou de pousser le feu. Ce thermomètre plongé est une des principales boussoles qu’on doit conseiller pour bien opérer.

Tous les trois ou quatre jours on remplira la colonne à un pied près, & on lui rendra l’eau qu’elle perd continuellement par l’évaporation. Pourvu qu’il n’y ait pas un très-grand vide dans la colonne, il est indifférent de la remplir avec de l’eau froide ou de l’eau chaude. L’effet n’en est pas sensible dans le couvoir.

Vers le sixième jour de la couvée, on commence une opération particulière ; c’est à ce terme qu’on peut connoître, sans se tromper, les œufs clairs, ceux dont le germe n’a pas été fécondé. On examinera donc tous les œufs à la lumière, & l’on retirera du four ceux qui sont évidemment clairs, c’est-à-dire, ceux qui ne présentent aucune marque de développement ; mais de peur de méprise, on mettra à part ceux qu’on jugera douteux.

Il sera bon de graisser ou d’huiler les œufs clairs qu’on retirera du couvoir, afin d’arrêter leur évaporation. On peut être assuré que ces œufs seront tout aussi bons à manger que ceux qu’on emploie communément dans les cuisines.

L’opération dont il s’agit ici, demande trop de temps pour être faite de suite : on y reviendra à plusieurs reprises ; & en tout il vaut mieux multiplier les visites qu’on fait dans le couvoir, que d’y rester trop long-temps chaque fois. On pourra cependant y demeurer une bonne demi-heure en toute saison, sans aucune incommodité. Quand on aura de longues séances à y faire, on se servira très-utilement d’une éponge mouillée dont on se couvrira la bouche & le nez, & qu’on attachera au moyen de deux cordons qu’on se nouera derrière la tête. L’air qu’on respire est singulièrement rafraîchi, en passant à travers cette éponge.

Cette opération du sixième jour achevée, il n’y a plus rien de particulier à faire jusqu’au quinzième environ. Mais c’est à cette époque qu’il faut redoubler de soins : faire des visites fréquentes dans le couvoir pour y renouveler l’air, afin qu’il arrive le plus pur qu’il se peut à l’embryon qui le respire. On examinera aussi soigneusement les œufs à la lumière : on retirera ceux qui seront gâtés, & ceux qui renfermeront des embryons morts depuis longtemps, ce qu’on reconnoîtra à leur peu de développement, en comparaison de ceux qui se portent bien.

On mettra parmi les œufs douteux ceux qu’on ne verra pas aussi avancés que les autres, c’est-à-dire, ceux qui ne paroîtront pas entièrement opaques à l’exception du vide du gros bout. On fera bien d’y joindre aussi ceux où ce vide seroit excessif. On ménagera une tablette ou deux, de celles qui sont le plus à la portée de l’œil, pour placer tous ces œufs douteux.

Vers le dix-neuvième jour, avant qu’aucun poulet ne soit éclos, on tend, du rebord d’une tablette à l’autre, des filets de ficelle à petites mailles. (ff Fig. 2). On attache les maille.