Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/666

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cet art utile des Égyptiens. Mais comme le succès de la méthode Égyptienne dépend beaucoup du climat de cette heureuse contrée, tient à des circonstances locales, ainsi que l’a prouvé l’auteur de l’Ornithotrophie artificielle ou de l’art de faire éclore, &c. (vol. in-12. Paris, Morin 1780), il n’est pas surprenant qu’on n’ait point réussi dans les essais qu’on a faits ailleurs qu’en Égypte.

M. de Réaumur a beaucoup travaillé sur cet objet. Il a consigné ses recherches & ses préceptes dans un ouvrage connu de tout le monde & dont l’Auteur du livre que nous venons de citer, a donné dans son second Mémoire une analyse aussi précise qu’exalte.

Cet auteur fait voir que le but unique du travail de M. de Réaumur étoit de vérifier par le fait ce qu’on disoit de la possibilité de faire éclore des œufs par le moyen de la chaleur du fumier ; mais que la vérification de ce fait ne pouvoit le mener à rien de vraiment utile : qu’aussi toutes les pratiques de M. de Réaumur, ses fours à fumier comme ses fours à feu, sont très insuffisans pour un établissement grand & sérieux : que ses diverses méthodes exigeroient une multiplicité, un concours d’agens tout-à-fait chimériques, d’où il résulte que ce physicien n’a travaillé que pour l’amusement des curieux & nullement pour l’utilité réelle du Public ; ce qui est prouvé de reste par le fait même, puisque depuis plus de trente ans que les méthodes de M. de Réaumur sont connues, on ne voit pas nos marchés mieux fournis de volailles qu’ils ne l’étoient auparavant.

L’auteur de l’Ornithotrophie artificielle ne s’est pas borné à critiquer ceux qui l’avoient devancé dans la carrière ; il a tracé lui-même le plan d’un établissement en grand. Il entre dans les plus petits détails, tant sur l’art de faire éclore, que sur celui d’élever la volaille par le moyen d’une chaleur artificielle. Il appuie ses préceptes de sa propre expérience ; car ce n’est qu’après avoir travaillé long-temps par lui-même sur cet art utile, qu’il s’est déterminé à publier sa méthode dont nous allons donner le précis le plus exact que nous pourrons.

Art de faire éclore la Volaille par le moyen d’une chaleur artificielle.

I. Description d’un nouveau couvoir. L’auteur fait usage d’un couvoir ou étuve circulaire dont la Figure 1, Planche XXV représente l’élévation ou la vue extérieure.

P est la porte d’entrée du couvoir. Cette porte est vitrée à la moitié de sa hauteur. Il y a dans l’intérieur du couvoir une seconde porte vitrée opposée à cette première.

VV, portière d’une étoffe de laine chaude & épaisse, qui est soutenue par une petite potence en fer XX, au moyen de laquelle la portière a son mouvement indépendant de la porte P. Cette portière se rabat sur la porte & est assujettie par des agraffes.

TT, trou ou registres qui donnent, quand on veut, entrée à l’air extérieur dans le couvoir. Ces trous se ferment en dehors avec des bouchons de liège qu’on voit en bb.

DDOT, couverture de laine chaude & épaisse dont on revêt tout