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le mâle se met dans le nid & couve les œufs quand la femelle est obligée de les quitter.

La chaleur que la poule communique à ses œufs, n’est pas encore aussi déterminée qu’il seroit à souhaiter qu’elle le fût. Les thermomètres ordinaires de Réaumur la mettent à 32 degrés : quelques physiciens la placent plus haut, d’autres plus bas. Il est certain qu’on trouve des variations de chaleur dans les nids de poules, depuis 30 jusqu’à 34 degrés. La chose ne peut être autrement dans les nids des poules & dans ceux de tous les autres oiseaux qui couvent un grand nombre d’œufs à la fois. Les œufs de la circonférence du nid ne sont jamais aussi bien chauffés que ceux du centre ; aussi la plus grande occupation des couveuses est-elle de déplacer fréquemment leurs œufs, afin d’établir entr’eux tous la plus juste répartition de chaleur qu’il est possible.

Nous avons dit ci-dessus qu’il se trouvoit des poules si affectionnées à couver, qu’il falloit les retirer du nid pour les faire boire & manger ; mais cet attachement outré à leurs œufs, n’est pas l’instinct général des couveuses, sur-tout des jeunes. La plupart des couveuses sortent chaque jour du nid, pour quelques instans. Leur absence va quelquefois à un quart d’heure dans l’été & au commencement de la couvée. Les œufs se refroidissent sensiblement pendant ces absences de la poule. Les cannes en sortant du nid, ont la précaution de couvrir leurs œufs, de peur qu’ils ne se refroidissent trop.

Il y a des poules qui abandonnent quelquefois leurs œufs, quand on les touche ou qu’on les déplace. Le mieux est de placer les nids des couveuses, autant qu’on le peut, dans un endroit retiré, tranquille & où il y ait peu de jour.

Les gens de la campagne ont coutume de cacher un petit morceau de fer dans les nids. Cet usage ne paroît pas plus fondé en raison, que celui de mettre les œufs en nombre impair, dans la lune croissante, &c. : ce sont-là tout autant de préjugés qui ne se soutiennent que par une routine aveugle.

Incubation Artificielle.

On a essayé de bonne heure de substituer une chaleur artificielle à celle des poules & des autres oiseaux domestiques, pour en faire éclore les œufs. Au rapport d’Aristote (Hist. anim. Liv. V. Cap. 2). & de Pline le naturaliste, (Lib. X. Cap. 54), les anciens Égyptiens se sont occupés de ces recherches. Ils ont commencé par déposer les œufs qu’ils vouloient faire éclore, dans de certains vases qu’ils enfouissaient en terre & qu’ils échauffoient par le moyen du fumier. Peu-à-peu l’art se perfectionna : ils inventèrent leurs fameux Mamals, (Voyez Mamal), dont ils font encore usage aujourd’hui, & au moyen desquels ils se procurent une quantité considérable de volaille, pendant les huit ou neuf mois qu’ils les font travailler. C’est au mois de septembre qu’ils commencent leurs couvées : ils les continuent jusqu’à l’été, saison où cette sorte de travail ne réussiroit pas en Égypte.

Les Européens ont fait, en différens temps & en divers lieux, des tentatives pour naturaliser parmi eux