Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/663

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dinaire de la voir se dessécher jusqu’à sa base, lorsque la chaleur & la sécheresse se soutiennent pendant l’été.

De ces circonstances réunies ne peut-on pas conclure que l’embrasement a été spontané, & que, pour causer ignition il a suffi du développement de l’air inflammable, toujours très-abondant dans les tourbes ? Je ne regarde pas cette conjecture comme dénuée de vraisemblance.

Qui sait encore si cette tourbe n’étoit pas pyriteuse, en tout ou en partie, comme le sont celles de Picardie, & dont il sera question au mot tourbe ? Dans ce cas, la cause de l’embrasement est toute trouvée, puisqu’il suffit que ces dernières soient exposées à l’air ; alors elles commencent à tomber en efflorescence, s’échauffent, s’embrasent, & jettent de la flamme.

Un particulier très-digne de foi, m’a assuré avoir perdu une forêt placée sur une tourbière, mais les arbres ne furent point consumés.

L’ignition s’établit entre deux terres, gagna de proche en proche, dévora les racines des arbres ; la superficie du terrain s’affaissa également, les arbres restèrent debout jusqu’à ce qu’un premier coup de vent les abattit, comme les enfans renversent en soufflant une file de cartes.

Le sol actuel de la première forêt ne peut être mis en valeur, sans une forte dépense ; son étendue effraieroit l’entrepreneur ; cependant la chose n’est pas impossible, sur-tout si on ne défriche pas au-delà, de ses forces, & si on ne se pressé pas trop de jouir. On a une couche de cendres, & par-dessous une couche d’argile. Or, en ouvrant des tranchées de deux à trois pieds de profondeur, l’argile sera mélangée avec la cendre ; de compacte & imperméable à l’eau, elle sera rendue meuble & bien divisée.

Mais comme la partie cendreuse est très-saline, il est impossible que pendant les premières années les herbes dont on y aura semé la graine, y végètent pendant l’été, ou avant le temps que l’humidité, occasionnée par les pluies de l’hiver ou du printemps, soit évaporée. (Voyez les expériences citées au mot Arrosement). Ce n’est qu’à la longue que l’excédent salin sera entraîne par les pluies ; alors le sol sera très-productif.


INCISIF. On appelle incisifs les remèdes propres à diviser, à atténuer les humeurs grossières.


INCONTINENCE D’URINE. (Voyez Urine).


INCRASSANT. (Voyez Béchique).


INCUBATION. Action d’un oiseau qui se tient sur ses œufs pour en développer le germe, au moyen de la chaleur qu’il leur communique.

Le goût de couver, comme tous ceux qui viennent de la nature, est pour les oiseaux un besoin & un plaisir. La peule annonce ce désir par des signes non équivoques. Elle tourne, elle s’agite, elle hérisse ses plumes & glousse d’une manière toute particulière. Elle cherche un réduit où elle puisse obéir paisiblement au penchant qui l’entraîne. Au défaut d’œufs, elle couve avec