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les semis de fraisiers ananas, on n’a jamais trouvé de variété fort sensible, au lieu que les grains du fraisier de Caroline, ont produit des fraisiers très-différens dans leurs fleurs, leurs fruits, & toutes les parties de la plante.

Il est facile de voir, par l’énumération de ces espèces botanistes & jardinières, que plusieurs sont des sous-variétés de ses dernières, & encore il reste à savoir si elles sont constantes, & si elles se perpétuent sans dégénérer.


CHAPITRE II.

Multiplication Des Fraisiers


Il faut se ressouvenir que cette plante est originaire des montagnes & des bois, où la superficie du sol, & même jusqu’à une certaine profondeur, est un vrai terreau formé par la décomposition des feuilles, des herbes, des débris d’animaux, accumulés depuis longues années. C’est au sein de cette terre noire & recouverte par différentes espèces de mousses, que le fraisier végète admirablement dans son pays natal. Imitons donc la nature dans la préparation que nous donnons au sol de nos jardins, & faisons ensorte que les débris des végétaux l’emportent de beaucoup sur celui des animaux. En effet, le fruit du fraisier, qui végète au milieu de ce dernier engrais, n’est jamais parfumé comme celui dont le pied a été planté simplement dans de la terre franche, & celui-ci est inférieur au produit d’une terre douce, légère & substantielle. Il en est ainsi d’une fraise ombragée ou exposée à la grosse, ardeur du soleil ; le parfum de la première est plus délicat, sa saveur plus parfaite & son eau plus abondante. Le trop d’ombre nuit à sa qualité, autant que la grande clarté, & si l’ombre est trop forte, comme dans le fourré d’un bois, la plante languit, la fleur riaoûte pas, (voyez ce mot) & périt.

On multiplie le fraisier ou par semences ou par œilletons, ou avec ses coulans.


Section Première.

Des Semences.


I. Du choix de la graine. Si on désire se procurer des espèces nouvelles, on peut placer dans une même plate-bande différentes espèces de fraisiers, & près les unes des autres. Comme la plupart sont des espèces jardinières, & même du second ordre, le mélange des différentes étamines lors de la fécondation du germe, produira de nouvelles variétés. Il est encore facile de multiplier ces accouplemens adultérins, en coupant plusieurs fleurs au moment de leur épanouissement, & en secouant leurs étamines sur la fleur que l’on veut rendre adultérine. (Voyez ce qui a été dit à ce sujet au mot Abricotier) La fleur ainsi fécondée doit rester sur pied jusqu’au dernier période de la maturité du fruit, & même laisser la graine dans la pulpe ou chair, jusqu’à ce que celle-ci soit desséchée. Parvenue à cet état, on frote le tout dans ses mains, afin de détacher la graine que l’on reçoit sur du papier, & on la sépare ensuite de toute poussière étrangère. Dans cet état elle est propre à être semée. Il en est ainsi pour toute espèce se