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fait différer de grandeur & de force de celle qui croît d’elle-même dans nos terrains incultes. Tournefort en découvrit une grande espèce dans son Voyage au Levant, qu’il nomma flore maximo ; mais c’est toujours la même espèce que la première, à la grandeur près. En total, cette plante produit un petit effet pour les grandes pièces, parce qu’elle s’élève peu ; ses rameaux décharnés & ses feuilles blanchâtres figurent assez mal. Il n’en est pas ainsi dans un espace rapproché, tout se voit, & rien ne s’y confond. Ce qui plaît de cette plante, c’est que ses fleurs conservent leur couleur pendant plus d’années, & elles dédommagent des privations de l’hiver.


IMPÉRATRICE, ou BENJOIN FRANÇOIS. (Voyez Planche XX, page 501). Tournefort la place dans la quatrième section de la première classe, qui comprend les fleurs en rose & en ombelles, dont le calice se change en deux semences ovales & aplaties, & il l’appelle imperatoria major. Von-Linné la nomme imperatoria ostruthium, & la classe dans la pentandrie digynie.

Fleur B, composée de cinq pétales égaux, & d’un blanc terne ; C en représente un séparé de la fleur. Les étamines sont au nombre de cinq, & le pistil D est divisé en deux.

Fruit E, composé de deux semences soutenues par le pédicule de la fleur, qui se partage en deux branches de la longueur de la graine seulement. Les semences F sont convexes, cannelées à leur surface externe, ailées & aplaties à leur surface interne.

Feuilles. Celles qui partent des racines sont divisées en trois folioles, larges, ovales, à grandes dentelures, quelquefois trois fois trois sur le même pétiole.

Racine A, oblongue, épaisse, ridée, articulée, se propageant par des rejetons, jaune en dehors, blanche en dedans.

Port. Tige de vingt-quatre à trente pouces de hauteur, au sommet de laquelle naît une large ombelle blanche. La plante a à peu près le port de l’angélique, mais elle est moins rameuse, & moins fistuleuse.

Lieux ; les montagnes d’Italie, d’Allemagne, les Alpes. La plante est vivace & fleurit en juin.

Propriétés. La racine échauffe beaucoup, augmente la vélocité & la force du pouls, provoque quelquefois la transpiration jusqu’à la sueur, fortifie l’estomac affoibli par des humeurs séreuses ou pituiteuses, & calme les douleurs dans cette région, produites par les mêmes causes ; elle est quelquefois indiquée dans les maladies de foiblesse par humeurs séreuses, l’asthme humide, la toux catarrhale ancienne, la colique venteuse sans disposition inflammatoire, le dégoût par des humeurs pituiteuses, la suppression du flux menstruel par l’impression du froid, les pâles couleurs, le rachitis, les fièvres intermittentes avec abattement des forces vitales. La racine mâchée procure une abondante sécrétion de salive.

Usage. On donne la racine pulvérisée & tamisée, depuis demi-drachme jusqu’à deux drachmes, incorporée avec un sirop, ou délayée dans cinq onces d’eau ; réduite en petits morceaux, depuis demi--