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une espèce jardinière (voyez ce mot), & elle mérite l’attention des amateurs. D’un autre côté, je vois qu’elle craint le froid, que dans nos provinces du nord elle exige la serre chaude pendant l’hiver, ce qui la rapprocheroit du gnaphalium eximium (Lin. 13e édit.) originaire du Cap de Bonne-Espérance. Quoi qu’il en soit, cette plante craint l’humidité dans les serres, & alors la moisissure s’en empare ; un froid un peu vif la fait périr, ainsi que les trop grands arrosemens pendant l’été. On la multiplie facilement par graines semées dans un terreau léger, & encore plus facilement, en éclatant les tiges & leur laissant un peu de racines. Chaque année, à la fin de l’hiver, on doit dépoter la plante, supprimer les chevelus qui tapissent le vase, & lui donner de la terre nouvelle & très végétale. Pour avoir la fleur dans son plus bel état, il ne faut pas attendre son entier épanouissement.

II. Immortelle Violette, ou Vadapo. Tournefort la range parmi les fleurs flosculeuses, & l’appelle amæcanthoides lycnidis folio capitulis purpureis. Von-Linné la nomme gomphrena globosa, & la classe dans la pentandrie digynie.

Fleur. Deux feuilles florales servent de calice à la fleur générale rassemblée en tête contre un axe ou colonne qui sert de point d’appui à chaque fleur en particulier. Le calice est coloré & composé de deux pièces qui recouvrent les pétales au nombre de cinq, de couleur verte, & très-étroits ; les étamines au nombre de cinq, & le pistil se divise en deux.

Fruit ; capsule ronde, fendue tout autour, contenant une seule semence arrondie, excepté à son sommet.

Feuilles, d’un vert foncé tirant sur le rouge, simples, entières, ovales, alongées, marquées en dessous par une nervure saillante.

Racine, très-fibreuse.

Port. La tige branchue s’élève ordinairement à la hauteur d’un pied ; la fleur générale naît à son sommet, ordinairement solitaire, quelquefois deux à deux ; elle est beaucoup plus grosse que celles qui poussent sur les rameaux ; les pédicules qui supportent les fleurs sont un peu velus, les feuilles sont opposées.

Lieu ; cultivée dans nos jardins, originaire des grandes Indes, commence à fleurir en juillet : la plante est annuelle.

On y cultive également une autre immortelle, qui ne diffère en rien de celle-ci, sinon par sa fleur blanche.

Culture. Elle demande à être semée sur couche dans nos provinces du nord, & sous cloche pour peu que la saison soit froide ; & dans celles du midi, en pleine terre, contre de bons abris, si on ne trouve pas à mieux employer le fumier qu’à des couches. La terre qui recouvre la couche, doit être très meuble ; le vieux terreau des couches, mêlé avec autant de bonne terre de jardin, est ce qui lui convient le mieux. Quelques amateurs conseillent de faire tremper la graine dans l’eau, pendant plusieurs heures, avant de la semer ; un léger arrosement après avoir semé, ne vaudroit-il pas mieux ? Je crois que la terre s’uniroit mieux aux graines. Lorsque la plante a un ou deux pouces de