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reconnoît pour cause l’embarras qui dépend d’une circulation lente dans les rameaux de la veine-porte ventrale ; ce qui produit les obstructions des viscères du bas-ventre, soit que ces obstructions soient sensibles, soit quelles ne le soient pas. La tension ne vient point toujours de l’obstruction de la rate, elle est due quelquefois au spasme des muscles du bas-ventre.

La nature détermine divers flux spontanés pour la solution de cette maladie. Le flux hémorroïdal est le plus ordinaire, mais pour qu’il soit critique, il faut qu’il ait des retours réguliers. Les déjections atrabilaires sont aussi critiques, parce qu’elles sont causées par la dégénération de la rate ; mais elles ne soulagent que pour un temps. Les cours de ventre ordinaires ne sont pas d’un grand secours, s’ils ne sont constans, & de matière atrabilaire. Il survient quelquefois des sueurs, cependant rares, & qui terminent cette maladie.

1°. Pour combattre les embarras des viscères du bas-ventre qui forment des concrétions polypeuses, il faut donner des lavemens, appliquer des émolliens, & passer ensuite à d’autres plus résolutifs qu’il faut faire garder long-temps au malade ; on en pourra retirer quelque avantage, en les composant avec le son, le suc de chicorée & de camomille. Baglivi a guéri des affections hypocondriaques par un long usage de l’eau de rhubarbe ; mais comme elle est astringente, elle peut faire beaucoup de mal, en empêchant la sortie des vents qui rendent cette maladie incurable, comme l’a fort bien observé Sauvages. Les purgatifs doux, tels que la manne, la casse, produisent des vents, & sont contraires. Les purgatifs forts auroient de grands inconvéniens ; mais en général ils sont moins contre-indiqués que les émétiques dont l’effet est suivi d’étranglement & de spasme. Cependant Picarn préféroit l’émétique & croyoit que ce remède enlevoit le foyer de la maladie ; mais auparavant il préparoit le malade par la décoction d’orge, le lait & autres adoucissans.

2°. Il faut combiner les résolutifs avec les toniques. On combine avec beaucoup de succès les savonneux, le suc des plantes chicoracées avec l’extrait de fumeterre & autres amers. Ces derniers, pris en extrait, agissent beaucoup mieux que sous tout autre forme. Les eaux minérales ferrugineuses conviennent très-bien dans cette maladie, mais il faut les prendre pendant long-temps ; on connoît les bons effets qu’elles procurent, aux excrétions noirâtres qu’elles excitent ; il est encore très-à-propos que l’on fasse prendre des bains, en même temps que l’on boit ces eaux, à moins que les viscères du bas-ventre n’aient déjà souffert quelque altération dans leur substance.

3°. Quant aux symptômes accidentels qui peuvent compliquer l’affection hypocondriaque, & la rendre plus difficile à être guérie, il faut donner des cordiaux spiritueux, tels que l’alcali volatil fluor, dans les attaques violentes qui causent la stupeur & l’engourdissement ; & si ces symptômes tiennent de l’état spasmodique, on aura recours aux antispasmodiques, comme le castoreum, le succin & la rue, qui y sont très-appropriés. Les bains froids