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la lavande, le thim & le serpolet ; on exposera tout son corps à la vapeur de l’esprit de vin qu’on jettera sur les charbons ardens ; on lui fera faire un exercice à pied ou à cheval, mais gradué, modéré ; on lui donnera du quina pris en décoction, ou sous forme d’extrait. Tous ces remèdes administrés à propos, rétablissent & augmentent l’oscillation des solides.

Si la leucophlegmatie succède à la suppression de quelque évacuation ordinaire, on ne négligera aucun moyen pour la rappeler ; on appliquera des sangsues à l’anus, afin de rétablir le flux hémorroïdal ; aux grandes lèvres, pour ramener les règles ; on pratiquera même la saignée du pied. Si elle dépend de la répercussion de quelque humeur cutanée, on appliquera des vésicatoires & des cautères pour les rappeler à leur ancienne place. Si elle est causée par un excès de boissons spiritueuses, on donnera l’eau de poulet, la limonade nitrée ; enfin on appliquera à chaque cause un remède analogue.

Monro recommande beaucoup l’application des bandages pour raffermir les parties, & prévenir l’épanchement de l’eau dans le tissu cellulaire, ou pour repousser celle qui y est déja épanchée.

Les diaphorétiques peuvent produire les plus heureux effets ; mais leur usage doit être entremêlé des purgatifs & des diurétiques. Il arrive très-souvent que ces remèdes, quoique bien administrés, ne procurent aucune évacuation, & que l’anasarque augmente ; dans ce cas on a recours à des moyens plus énergiques. On fait faire alors des scarifications, des mouchetures. Celse recommande les incisions profondes dans la peau des hydropiques, pour donner une ouverture libre aux liqueurs extravasées ; le séton est très avantageux ; mais ces moyens doivent être pratiqués dans la partie la plus déclive, & dans les endroits où l’on ne puisse intéresser aucun grand vaisseau, ni tendon, ni membrane, ni nerf considérable. On ne doit pas non-plus perdre de vue les forces du malade. Il faut les soutenir par des cordiaux, & si l’évacuation des eaux étoit trop considérable, il conviendroit de l’arrêter par le bandage, en faisant un point de compression. On en a vu mourir dans ces sortes d’évacuations, produites par les scarifications, quelquefois il survient des ulcères à la place des mouchetures qui se gangrènent, il faut alors les panser avec des antiseptiques[1]. M. AMI.

  1. M. Bexon, curé de Niderstinsel en Lorraine, nous a communiqué les détails de la cure d’un hydropique âgé de 74 ans, qui prouve jusqu’à quel point la nature seule est capable d’indiquer les remèdes appropriés aux maux qui nous affligent. Le vieillard, dont il est question, fut, au printemps, attaqué d’une hydropisie si complète de la tête aux pieds, qu’il n’avoit pas figure humaine. Il essuya huit ponctions, qui produisirent l’effet ordinaire. Tous les remèdes de l’art lui furent administrés inutilement ; on le regardoit comme un homme mort. Vers le milieu du mois de novembre, il eut une très-grande envie de boire du lait caillé, & il en but ; les évacuations des selles & des urines furent des plus abondantes. Il abandonna le lait caillé, & lui substitua, soir & matin, la boisson d’une demi-bouteille de bai-beurre, ou résidu qui se