Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/634

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou deux heures de sommeil, pour aller ouvrir la fenêtre de leur appartement, afin de respirer un air libre, & de ne pas suffoquer.

Les symptômes qui dénotent cette hydropisie, sont, d’après Hippocrate, la toux, une respiration fréquente ; l’enflure des pieds, la contraction des ongles, une difficulté de respirer, sur-tout lorsque le malade est couché ; la fièvre lente qui survient lorsque la maladie est un peu avancée ; la pâleur du visage, l’œdématie des pieds & des mains, une oppression considérable, lorsque le malade veut monter quelque degré ; le bruit de l’eau épanchée dans la poitrine, quand on la remue & qu’on la frappe ; enfin, la fluctuation est le signe le plus certain. Joignez à tous ces signes une difficulté de se coucher, un poids sur le diaphragme, un pouls petit & concentré, une diminution des urines, l’œdème des paupières.

Lorsque la maladie a fait des progrès, les malades ne peuvent plus rester au lit. Ils sont tourmentés d’insomnie, leur sommeil est entrecoupé par des songes fatigans, les nuits sont des plus fâcheuses, & ils ne peuvent dormir qu’en restant assis sur une chaise, la tête un peu élevée.

L’eau n’occupe pas toujours toute la capacité de la poitrine, elle est quelquefois épanchée dans l’un des côtés ; alors le malade ne peut point se coucher sur le côté sain, sans éprouver un tiraillement, & un sentiment de pesanteur, qui l’obligent à se courber & à se coucher sur le côté malade ; si l’épanchement est dans les deux côtés, il ne peut se coucher ni sur l’un ni sur l’autre, qu’il ne soit cruellement tourmenté par une toux des plus violentes, & une difficulté de respirer, & qu’il n’éprouve des palpitations de cœur, & des tremblemens, sur-tout s’il se courbe trop vite. La toux pour l’ordinaire est sèche.

L’hydropisie de poitrine est une maladie incurable, sur-tout si elle prend sa source dans des obstructions anciennes, & si les viscères sont infectés de quelque vice. L’art ne manque pas de remèdes pour la combattre, mais le plus souvent ils ne produisent aucun effet salutaire.

L’emploi des purgatifs ne doit pas être négligé ; mais on doit prendre garde de ne pas suffoquer le malade par leur usage ; il est prouvé qu’ils évacuent une quantité d’eau, mais d’un autre côté, ils augmentent la congestion. Les diurétiques, sous forme de bouillons, sont très-avantageux.

Baglivi a guéri une hydropisie de poitrine invétérée, avec la décoction des plantes apéritives, & l’oximel scillitique.

Rivière dit aussi en avoir guéri plusieurs avec le calomélas, & l’usage d’une décoction sudorifique. La scille prise dans parties égales d’eau & de vin, a eu de grands succès ; mais comme elle fatigue quand on la donne seule, il vaut mieux la combiner avec la petite centaurée, le trèfle d’eau, ou l’écorce d’orange. On peut encore tenter les sétons, les cautères & les vésicatoires aux jambes ; mais le grand remède est le paracenthèze qu’il faut pratiquer de bonne heure. Senac, Bourdelin, Morand, Bergeron & Duvernai, en ont obtenu les succès les plus heureux, lorsque le sujet n’étoit ni écrouelles, ni scor-