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celui dont les maçons se servent pour unir le sable à la chaux, & en faire du mortier, agite le fond des bassins où se sont précipités la crasse & autres débris ; alors toutes les parties huileuses & légères du fruit se séparent de la crasse, viennent à la surface & sont enlevées. Cette opération se répète plusieurs fois ; & lorsque l’on croit ne pouvoir plus rien tirer des réservoir P, S, T, X, on ouvre la soupape Z du réservoir X ; & toute l’eau & la crasse des bassins s’écoulent. Ne pourroit on pas encore reprendre ces crasses, & les faire bouillir ? C’est une expérience à tenter, & qui ne coûteroit que la main-d’œuvre. Il est certain que s’il y avoit cent réservoirs placés les uns après les autres, les derniers fourniroient de nouvelles portions huileuses, puisqu’on en trouve encore dans les eaux tranquilles des ruisseaux qui ont servi au recensement, souvent à plus d’un quart & même d’une demi lieue de l’endroit.

Le marc que l’on retire des cabas après la pression, sert & suffit pour entretenir le feu sous la chaudière, & tenir son eau toujours bouillante. On dit que les cendres ne peuvent servir à aucun usage pour la lessive ; ce qu’il y a de sûr, c’est qu’on les jette. On pourroit cependant les amonceler sous un hangar ; elles attireroient les sels aériens comme le font les terres lessivées par les salpêtriers, & dont ils retirent ensuite du nitre ou salpêtre comme la première fois. Si on ne les destine pas à cet usage économique, & qui ne coûte rien, il seroit bien important de les répandre sur les prairies marécageuses, ou sur les champs argileux ou à sol tenace.

Je n’ai plus à parler que du grignon blanc, c’est-à-dire, du débris des noyaux restés dans les bassins 5, 7, 8. Ici se répètent les mêmes opérations qu’aux réservoirs du grignon noir ; enfin, on lève la soupape ; mais comme dans le dernier bassin elle est garnie d’une grille de fer, l’eau seule s’écoule, & le grignon blanc reste à sec : alors on le jette sur le terrain où il finit de sécher. C’est dans cet état qu’on le vient prendre dans des sacs pour le porter à la ville la plus voisine. J’ai vu à Grasse, en janvier 1776, vendre deux sacs ou la charge d’un mulet, six sols ; & suivant l’éloignement des lieux, la charge revient à 12 ou 15 sols. Les boulangers achètent par préférence ce grignon blanc, & comme il n’est composé que des débris des noyaux, son feu est très-actif & chauffe bien le four. Qui croiroit que la vente du grignon blanc seul, suffit pour payer la nourriture & la journée des ouvriers employés à la recense ! Cependant rien n’est plus vrai. Les cendres en sont très estimées, & se vendent à un prix réglé.

Quoique j’aie placé en dessous la roue KK, qui reçoit l’eau du canal M, c’est-à-dire, horizontalement dans ses palettes, on sent qu’il est facile de la disposer d’une manière différente, par exemple, de la placer perpendiculairement contre un mur, & de la faire mouvoir par une égale chute d’eau. Alors il faudra une lanterne & une roue de rencontre, ou de telle autre manière, suivant le local & la prise d’eau. Quel sera l’étonnement de ceux qui n’ont point d’idée de ce