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si grande quantité d’huile, que sur la masse totale des récoltes d’huiles dans nos provinces à oliviers, on peut évaluer à peu près à 100,000 livres de perte réelle & en nature d’huile. On appelle recenser, extraire par de grands lavages & par l’agitation, l’huile qui reste adhérente aux noyaux, aux débris des chairs, aux pellicules, &c.

J’ai vainement cherché à remonter à l’origine de ces moulins, à en connoître l’inventeur ; on m’a dit, en Provence, que l’on devoit cette découverte à un simple paysan, & je n’ai tiré rien de plus de mes recherches. La planche XXIII. représente tout l’attelier de recensement, & les ustensiles dont on se sert.

A, tuyau en plomb, ou en bois, ou en briques, par lequel on conduit l’eau dans une espèce de tour creuse ou cuve.

B, robinet qui donne l’eau dans la tour, ou la retient dans le tuyau ou conduit A.

C, tour proportionnée à la grandeur de la meule G. Cette tour peut être construite en pierres de taille, de quatre à six pouces d’épaisseur, ou en béton, (voyez ce mot) d’un pied d’épaisseur, ou en plateaux de bois dur & bien jointes par des feuillures, & le tout, justement cerclé par des bandes de fer. Cette tour porte sur un massif de maçonnerie, ferme, très-solide, & de deux pieds d’épaisseur, dans lequel la pierre de taille, ou les plateaux sont implantés & fortement mastiqués, afin que ces différentes parties ne fassent qu’un tout, qui s’oppose à la fuite de l’eau, résiste à son poids & à la force du mouvement que la roue G lui communique en tournant. À la base de la tour, est une meule gissante, qui repose sur le ma sis, & elle est percée dans son m ; li u par un trou qui renverse l’arbre D.

D, arbre de bois dur, communément en chêne ; il traverse & est arrêté à son sommet par la poutre F, qui le tient vertical. Une pièce de bois E, est fortement assujettie dans cet arbre, & porte la meule perpendiculaire G ; cet arbre traverse la maçonnerie C C, pour gagner l’ouverture ou vide II ; là, il est adapté à la roue K, & finit par tourner sur son pivot H ; E, morceau de bois dur en buis ou en chêne vert, presque du diamètre du support de la meule, traversant l’épaisseur de l’arbre, & y étant fortement arrêté par des tenons & des chevilles.

G. Il ne s’agit pas ici, comme pour les grains, que la pierre soit poreuse. Elle doit, au contraire, être très-lisse, afin que toutes ses parties touchent & portent sur le marc répandu sur la meule gissante également lisse & polie. La meule est communément de cinq à huit pouces d’épaisseur, & de trois à quatre pieds de hauteur. Plus cette meule perpendiculaire est pesante, mieux le marc est écrasé & réduit en pulpe très-fine. De cette division extrême des parties dépend le plus ou moins de bénéfice qu’on retire du moulin. La grandeur de la meule, comme je l’ai déjà dit, décide la capacité de la tour. Cette meule est adhérente à l’arbre D, par la traverse E ; de sorte qu’elle a deux mouvemens, 1°. de décrire un cercle, en tournant perpendiculairement avec l’arbre D, & par conséquent en parcourant tout l’espace de la tour ; 2°. celui de rouler sur elle-