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après lequel on la transvasera dans des nouvelles jarres.

Les olives tombées sous l’arbre doivent être détritées sous la meule & avec les noyaux.


Comparaison du produit du moulin nouveau & des anciens.


Je choisis six quintaux d’olives bien saines, dont je fis deux parts ; je m’en réservai une de 300 livres, je divisai l’autre en trois parties égales de 100 livres chacune. J’envoyay ces dernières à trois différens moulins publics, & je m’y transportai moi-même pour en faire extraire l’huile sous mes yeux.

Le premier quintal produisit 38 livres 8 onces.

Le second, 36 livres 13 onces.

le troisième, 37 livres 3 onces.

Total du produit en huile de 3 quintaux d’olives, 112 livres 8 onces.

Je fis ensuite extraire sous mes yeux, par mon moulin, les 300 livres d’olives que je m’étais réservées. Les chairs des olives me produisirent 96 livres 6 onces d’huile.

Les noyaux passés sous la meule ordinaire, produisirent 41 livres 7 onces.

Le total du produit en huile des trois quintaux d’olives, fut de 137 livres 13. Le bénéfice donné par mon moulin, est donc de 24 livres 5 onces en sus de ce qu’avaient donné les moulins publics ».

Je ne doute point de la véracité des expériences de M. Sieuve, ni de la certitude de leurs produits ; mais comme on accuse en général les auteurs, de voir avec des yeux microscopiques leurs machines & leurs résultats, il auroit été bien important pour le public, & même pour M. Siuvee, dans un objet d’aussi grande importance que les expériences eussent été faites sous les yeux des officiers municipaux, ou de personnes de l’art, & de les constater par des procès verbaux en règle. Mais en n’admettent que l’égalité dans le produit sans augmentation de dépense en main-d’œuvre, ce feroit déjà un grand point, puisque chacun pourroit avoir chez soi un pareil moulin, & faire son huile fine dans un tems oportun, en assureroit la qualité. Quant aux noyaux, on les porteroit aux moulins publics, lorsqu’il est impossible que leur huile ait de la qualité.

Je ne connois point M. Sieuve, je n’ai pas vu son moulin, ainsi le témoignage que je vais rendre sur l’huile qu’on débite sous ce nom à Paris, que je connais très-particulièrement par l’usage que l’en ai fait, ne paraîtra pas suspect. Je puis certifier que cette huile étoit très-douce, agréable au goût & d’une odeur suave ; le seul defaut que je lui aie trouvé, c’est d’être un peu grasse. Je sais qu’il a éprouvé beaucoup de contradictions dans son pays, & c’est dans l’ordre habituel ; je sais qu’on a cherché à décrier son opération ; que l’on a dit que les vers se mettoient à son huile, &c. &c. Ces propos ne m’empêchent pas de dire ce que j’ai vu, & comme je l’ai vu. D’ailleurs, tous ses procédés sont conformes aux loix de la saine physi que ; & autant qu’on en peut juger, sans avoir répète les expériences, il est plus que probable que les qualités de l’huile doivent être ainsi que M. Sieuve l’annonce. Au mot olivier, je le répète, je dirai quelque chose de plus positif.