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point s’abreuver aux dépens des sucs huileux de l’olive.

Après cette opération, on fera une couche d’huile d’olives de quatre à cinq doigts d’épaisseur sur la table trouée & cannelée.

On baissera ensuite le détritoir sur la couche d’olives, de manière que l’impulsion qu’on lui donnera, puisse faire rouler les olives sur les cannelures, & en détacher les noyaux.

On maintiendra en même temps la trémie toujours pleine d’olives. Par ce moyen, l’ouvrier, en les détritant, s’en fournira lui-même par l’action de la soupape.

On disposera des jarres à petites ouvertures, dans lesquelles on déposera à mesure les huiles filtrées par la chausse, & qui couleront dans le baquet. On les laissera reposer dans ces jarres pendant l’espace de quinze jours au moins. On les transvasera après dans de nouvelles jarres qu’on bouchera avec soin, & au fond desquelles on mettra une éponge préparée[1], pour maintenir leur limpidité.

Comme les chairs des olives forment un marc qui contient encore beaucoup de sucs huileux, qu’il est intéressant de ménager, on ramassera ce marc, on le mettra dans des sacs de molleton d’environ deux pieds en quarré ; on les fermera & les placera ensuite, chacun en particulier, sous un pressoir, de façon que l’ouverture du sac soit toujours adaptée sous le plateau supérieur du pressoir.

Pour extraire avec plus d’aisance l’huile de ce marc, & ménager en même temps les sacs qui pourroient crever par une pression trop subite, on aura l’attention de ne les pressurer que de quatre en quatre minutes. On observera encore de ne jamais employer d’eau chaude dans cette opération, mais de placer seulement le pressoir ainsi que le moulin dans un lieu tempéré, afin que l’huile puisse ne point se condenser, & qu’elle filtre avec plus de facilité.

Cette seconde huile ne différera en rien de la qualité de la première ; ainsi, on doit les mêler ensemble ; mais comme l’huile extraite du marc pourroit renfermer quelques parties crasses, on aura la précaution, avant d’en faire le mélange, de la laisser reposer plus long-temps, & jusqu’à ce qu’elle en soit entièrement dépouillée.

Comme l’huile qu’on doit retirer des noyaux est également utile, soit pour brûler, soit pour les fabriques de savon, on ne doit pas moins, en détritant les olives, en ramasser des noyaux, afin d’en extraire l’huile. On les mettra, à cet effet, sous une petite meule pour les écraser & les réduire en pâte. Cette pâte sera mise dans un sac de grosse toile qu’on aura soin de mouiller auparavant. On les placera ensuite, chacun en particulier, sous le pressoir ; & en suivant l’ancienne méthode, c’est-à dire, on les arrosera avec de l’eau bouillante, on parviendra, par la pression en à extraire l’huile.

On déposera cette huile dans des jarres particulières, pour la laisser reposer pendant l’espace d’un mois,

  1. M. Sieuve se réserve la connoissance de la préparation de cette éponge. J’en ferai connoître une dans le Chapitre suivant.