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ouvrant la bouteille, il s’en exhala une odeur si forte, que je ne pus la supporter.

Les changemens qu’avoient éprouvés ces deux dernières qualités d’huiles, tirées des amandes & du bois des noyaux, m’annonçaient assez le sort de ma quatrième bouteille qui contenoit le mélange que j’avois fait des trois qualités. Je ne fus point trompé dans mon attente ; car lorsque j’en fis l’examen, je trouvai cette huile trouble, obscure, d’une odeur forte, rance & désagréable ; elle avoit même formé un dépôt considérable.

Or, si l’huile extraite uniquement des chairs des olives, & mise séparément dans ma première bouteille, n’avoit point souffert d’altération, & n’avoit rien perdu de ses qualités, il résulte que l’huile de ma quatrième bouteille, quoique extraite également de la chair des olives, ne s’étoit corrompue que par le mélange que j’en avois fait avec les huiles extraites des amandes, & du bois des noyaux.

Je vérifiai enfin ma cinquième bouteille, qui renfermoit l’huile extraite selon l’ancienne méthode : je la trouvai tout aussi corrompue que celle de ma quatrième bouteille, qui réunifiait le mélange des trois qualités énoncées ci-dessus.

Cette expérience nous fait connoître que c’est à l’amande & au au bois de noyaux, que nos huiles doivent en général ce qu’elles ont de défectueux. Elle étoit trop décisive pour ne pas la réitérer plusieurs fois sur différentes qualités d’huile ; j’ai trouvé dans les unes & dans les autres, selon leurs proportions, les mêmes produits & les mêmes effets.

Pour mieux connoître la propriété des huiles extraites de l’amande des olives, & du bois des noyaux, je pris une lame d’acier bien nette, sur laquelle je mis d’un côté quelques gouttes éparses d’huile extraite des amandes, & de l’autre quelques gouttes d’huile de bois de noyaux ; je les laissai reposer l’espace, de trente heures ; je les examinai après, & je reconnus que les gouttes d’huile d’amande avoient noirci les parties qu’elles occupoient sur la lame, & qu’elle y avoit même fait des cavités aisées à distinguer au microscope, au lieu que les gouttes d’huile du bois des noyaux, n’avoient fait qu’obscurcir les parties de la lame sur laquelle elles étoient placées ».

À la prochaine récolte des olives, je reprendrai ces expériences sous œuvre, & je les diversifierai de manière à constater de nouveau les faits avancés par M. Sieuve, & dont je n’ose douter ; mais la meilleure conviction est de voir par moi-même. M. Sieuve a fait construire un moulin pour séparer la chair des noyaux : comme il est uniquement consacré aux olives ; je vais transcrire ici la description qu’il en donne, pour ne point renvoyer cet article à la description générale des moulins : c’est toujours l’auteur qui parle.

L’élévation de ce moulin consiste dans un bâtis qui renferme une caisse fou tenue horizontalement & en équilibre, par un axe transversal placé au-dessous de la caille, pour la pouvoir incliner suivant le besoin. (Voyez ci-après la planche XXI).

Cette caisse est séparée en deux parties, par une table horizontale