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11 livres de noyaux pour en retirer les amandes ; les amandes pesées produisirent 3 livres 7 onces ; & le bois, 7 livres 2 onces. Ces deux derniers poids diffèrent du premier de 7 onces qui ont été également perdues dans le détail de l’opération.

Je mis sous le pressoir les 3 livres 7 onces d’amandes ; elles rendirent 1 livre 14 onces d’huile ; sa qualité étoit aussi belle & presqu’aussi claire que la première extraite de la chair des olives ; mais d’une odeur plus forte, & d’une saveur plus âcre au goût.

Je passai ensuite sous la meule, les 7 livres 2 onces de bois de noyaux ; cette matière réduite en pâte & mise au pressoir, me rendit encore 3 livres 14 onces d’huile ; mais celle-ci n’étoit ni si belle, ni si claire que les 2 premières ; elle étoit même de couleur brune, & chargée de parties visqueuses fétides & sulfureuses.

Pour connoître distinctement les propriétés & qualités particulières de ces trois différentes huiles, je pris cinq bouteilles ; dans la première je mis 5 livres 5 onces d’huile, extraite uniquement des chairs.

Dans la seconde, 15 onces d’huile provenante de l’amande.

Dans la troisième, 1 livre 15 onces d’huile tirée du bois des noyaux.

Dans la quatrième, la même quantité de ces trois différentes huiles, dont je fis le mélange.

Dans la cinquième, de bonne huile, extraite selon l’ancienne méthode.

Je bouchai exactement les cinq bouteilles, chacune ayant son numéro ; je les plaçai sur ma fenêtre à l’exposition du midi ; je les y laissai pendant trois ans, pour donner à la fermentation le temps d’opérer, pour connoître, par ses effets, les divers changemens dont toutes ces qualités d’huiles pouvoient être susceptibles.

Ce ne fut qu’après l’expiration de ces trois années, que je jugeai à propos d’examiner mes cinq bouteilles, & les huiles que j’y avois renfermées. Je commençai par la bouteille qui contenoit les 5 livres 5 onces d’huile extraite de la chair des olives. Cette huile étoit intacte, d’une couleur citrine, d’une odeur douce, agréable au goût, & telle que je l’avois mise dans la bouteille, sans avoir formé aucun dépôt.

Je passai à la seconde bouteille, contenant les 15 onces d’huile, extraite des amandes ; elle n’étoit plus si belle, ni si limpide ; elle étoit devenue jaunâtre, & d’un goût si piquant & si corrosif, qu’en la goûtant elle m’occasionna de petits ulcères dans la bouche[1].

Je vins ensuite à la troisième bouteille, qui renfermoit 1 livre 15 onces d’huile, extraite du bois des noyaux ; celle-ci étoit entièrement dénaturée, sa matière visqueuse s’étoit épaissie, & là couleur brune étoit devenue presque noire. En

  1. Note du Rédacteur. C’étoit donc une huile réduite à l’état d’huile essentielle. Je vérifierai les faits cités par M. Sieuve, & j’en rendrai compte au mot Olivier, ou à la fin du Volume qui contiendra ce mot, si les objets de comparaison n’ont pas resté assez long-temps en expérience. Si les résultats sont les mêmes, comme je n’en doute pas d’après M. Sieuve, il est clair & démontré que toute la théorie de la fabrication des huiles d’olives doit porter sur les trois qualités que renferme l’oliye.