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graines de la famille des plantes à fleurs en croix & à fruits en siliques, un goût âcre & caustique, (l’huile de pavot[1] ne l’a point, & elle est seule de son genre). Ce goût se décèle un peu à l’odorat, mais sur-tout, dans ce qu’on nomme l’arrière goût, lorsqu’on les savoure dans les alimens, ou qu’on les garde dans la bouche.

Les huiles de graines, marchandes & même récentes, celle de pavot exceptée, sont déjà un peu rances ; l’huile d’olive n’a ce défaut que lorsqu’elle est mal faite.

Ces huiles déposent plus promptement & plus abondamment, au fond des vases qui les contiennent, un marc mucilagineux, qui n’est plus miscible à l’huile. Elles rancissent plutôt en vieillissant, elles exigent un degré de froid beaucoup supérieur à la congélation de l’eau pour se figer ; elles sont moins visqueuses, & écument beaucoup plus, échauffées au même degré de chaleur.

Elles rouillent le fer & le cuivre plus promptement, forment plus facilement des savons avec les alcalis ; & par cette raison, on les préfère à la bonne huile d’olive pour apprêter les laines & les étoffes de laine, quand même leur prix seroit égal.


Section III.

Analyse des Huiles de graines, celles de colza & de navette prises pour exemple.


Nous avons dit & nous répétons qu’il entre dans la combinaison des huiles un mixte que nous avons appelé huile primitive, huile universelle ; car ce principe huileux paroît être commun à toutes les huiles, sans exister dans la nature jamais pur, & d’une façon isolée & à nu : peut-être même pour le découvrir, il faudroit remonter jusqu’au soufre qui s’élabore & s’atténue dans l’économie animale, au point d’être comme dans les graisses & dans les huiles, combiné aux principes aqueux dont ces substances abondent. Quoi qu’il en soit de cette théorie, il nous suffit de savoir que le principe huileux des huiles de graines, peut, par des distillations réitérées, être séparé dé tout autre substance, & être, dans cet état, de l’huile essentielle éthérée ; ce qui permet au moins de présumer que cette huile existe dans l’huile grasse, mais combinée avec d’autres corps qui, dans cet état, masquent ses propriétés.

Le résidu de la déflagration, ou le produit fixe de la distillation des huiles grasses, est un noir de fumée, ou un charbon dont la cendre est vitrescible.

Le charbon fixe des huiles essentielles, ou le volatil, qu’on appelle noir de fumée, est en si petite quantité comparé à celui des huiles grasses, & il est si réfractaire, qu’on voit qu’il manque à leur mixtion, des principes qui existent dans celle des huiles de graines.

L’abondance du charbon dans l’huile grasse incendiée ou distillée, la vitrescibilité de ses cendres ne sont pas les seuls indices d’un mucilage dans ces huiles, comme l’huile éthé-

  1. Le pavot n’est pas n’est la même famille des plantes.