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plants tous les avantages d’un sol nouveau & abondant en principes. En suivant cette méthode, le houblon prend de nouvelles forces, pousse de nouveaux jets forts & vigoureux.

XIV. Du rétablissement d’une houblonnière dépérie. Lorsqu’elle est dans ce fâcheux état, on est dans l’usage commun, mais absurde, de l’abandonner, & de se contenter du produit des arbres qu’on a eu la précaution d’y planter. Il est certain qu’en suivant l’ancienne culture, on n’a point d’autre ressource ; mais aujourd’hui une méthode nouvelle de culture dissipe peu à peu les préjugés de l’ancienne culture.

Elle consiste à substituer à la terre des monticules celle des intervalles, rompue, divisée, bien ameublie avec la charrue à quatre coutres. (Voyez ce mot). À cet effet, il faut, lorsqu’on laboure les intervalles, faire approcher, autant qu’il est possible, cette charrue des monticules, en la faisant plonger autant qu’on le peut. C’est ainsi que l’on coupe l’extrémité de toutes les racines qui ont pénétré jusqu’à cette profondeur, & que la terre rompue par le labour, étant devenue plus fine & plus légère, est propre à l’insertion des nouvelles petites fibres qui poussent des extrémités des racines qu’on a coupées, & qui ont par conséquent la faculté d’y puiser leur nourriture. Il en est de même lorsque l’on défait les monticules avec la bêche : cet instrument coupe les extrémités languissantes ou dépéries des racines plus courtes qui ne sont jamais étendues au-delà du monticule, & on leur donne de la nouvelle terre des intervalles. Il n’y a point de moyen plus assuré que cette pratique.

XV. De l’arrosement d’une houblonnière. L’arrosement dépend des saisons, parce qu’il n’est pas toujours nécessaire, puisque les pluies sont souvent fréquentes dans le printemps. Si elles sont rares, on doit y suppléer ; c’est pourquoi on choisira, autant que faire se pourra, près d’un ruisseau ou d’une rivière, le sol destiné à la houblonnière.

C’est une grande erreur d’arroser une houblonnière de trop bonne heure au printemps, parce qu’on risque beaucoup d’accélérer sa végétation. Il n’y a pas de temps plus propre à l’arrosement que celui dans lequel on rompt & divise la terre des intervalles avec le cultivateur. En suivant cette méthode, on dispose les houblons à pousser vigoureusement, lorsque les monticules sont plus en état de soutenir leur croissance. Voici tout l’arrosement que ce végétal exige lorsque la saison est favorable ; mais si dans le courant du mois suivant, il ne tombe point de pluie, il faut alors répéter les arrosemens, & si la sécheresse continue pendant l’été, il faut encore arroser une fois la houblonnière, vers le temps qu’elle fleurit. Rien en effet ne contribue plus à la perfection du houblon, qu’un degré convenable d’humidité dans les saisons propres. Il faut, chaque fois que l’on arrose, bien détremper la terre, & rompre ensuite le sol des intervalles avec le cultivateur, en jetant une partie sur les monticules, pour y retenir l’humidité, & par conséquent défendre les racines & la partie inférieure des tiges des ardeurs du soleil. » Tel est le Mémoire de M, Hall sur la culture du houblon,