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On ouvre des monticules au commencement d’avril, & l’on examine les racines des plants : on conserve toutes les anciennes, & l’on coupe toutes les nouvelles qui poussent par les côtés. On a l’attention de réserver celles qui plongent perpendiculairement : on distingue les anciennes des nouvelles par la couleur. Les premières sont rougeâtres, les nouvelles sont blanches. On observe la même chose à l’égard des pousses, c’est-à-dire, qu’on ne touche point aux anciennes, & que l’on supprime les nouvelles, excepté celles qui, étant bien placées, sont très vigoureuses, & qu’on peut couper & planter, si l’on veut, dans un nouveau terrain.

Lorsqu’on a rempli toutes ces précautions, on jette dans les intervalles la terre qu’on a ôtée des monticules ouverts, & l’on forme des monticules avec le mélange, les cendres & la terre calcinée par le brûlis. Il faut couper les nouvelles pousses à un pouce de l’ancienne, pour cette fois seulement ; mais, les années suivantes, on les coupe tout ras.

Il arrive souvent que des plants de houblons dégénèrent en sauvageons[1]: il faut alors marquer les monticules dans le temps de la récolte, &, le printemps suivant, les arracher, & leur en substituer d’autres. Il ne convient point, au commencement, de donner beaucoup de hauteur aux monticules, parce qu’ils n’exhaussent assez pendant l’été par la terre que le cultivateur y jette, lorsqu’on laboure les intervalles.

Plusieurs cultivateurs commencent à labourer & à fumer avant le mois d’avril ; mais nous savons, d’après l’expérience, que le temps que nous indiquons est le plus favorable (en Angleterre), parce que le houblon est tardif à pousser, ce qui est très-heureux pour le cultivateur ; car un printemps avancé accélère sa pousse, & le rend par-là sujet à beaucoup d’accidens. Une culture tardive retarde la pousse, & détruit tellement les mauvaises herbes, qu’elles ne reparoissent point de long-temps. Si, par hasard, on trouve quelques pousses au-dessus du sol, on peut hardiment les étêter, sans craindre d’altérer le plant.

XIII. Culture d’une ancienne houblonnière. Le houblon est en pleine vigueur dans sa troisième année, & dure très-long-temps ; mais, à la fin, il s’épuise, & souvent la négligence avec laquelle on le cultive, est cause qu’il dépérit beaucoup plutôt.

Pour prévenir ce dépérissement, il faut labourer les intervalles des monticules, aussi profondément qu’il est possible, avec la charrue à quatre coutres, & préparer une certaine quantité de la composition indiquée ci-dessus ; ensuite on ôte avec la bêche autant de terre des monticules qu’on le peut, en ménageant les plants. Il faut répandre cette terre dans les intervalles, & on la remplace avec le mélange en question. Ce labour profond détruit parfaitement les herbes parasites, & le mélange que l’on substitue à la terre enlevée des monticules, procure aux

  1. Note du Rédacteur. Confirmation de ce qui est dit dans la première Note. Cette dégénérescence est expliquée au mot Espèce.