Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/538

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que l’on n’a qu’une médiocre quantité de houblon a sécher, par la méthode flamande, on continue le feu plus long-temps que par les autres, & on ne retourne pas les houblons ; il y a toujours une partie ou trop desséchée, ou qui ne l’est pas assez. Dans la méthode angloise, c’est un grand inconvénient d’être obligé de retourner le houblon ; opération pendant laquelle on perd beaucoup de graines. M. Hall en propose une qui remédie à ces inconvéniens, & qui est plus économique par la suite ; il n’y a de plus coûteux que la construction du fourneau.

Il faut bâtir le bas d’un fourneau à drêche, & l’on fait un cadre avec des parties de planches bien unies, d’un pouce d’épaisseur, de trois pouces de largeur, & d’une longueur proportionnée au fourneau. On les dispose en échiquier les unes dans les autres, ayant l’attention de faire la surface bien unie ; on couvre le cadre de plaques de fer blanc, bien soudées ensemble, & on y ajoute quatre rebords de planches dont trois y sont fixées. La quatrième doit être montée sur des gonds, pour pouvoir l’ôter quand le houblon est sec, & pour le pousser doucement sans le rompre, avec une pelle, dans la chambre voisine. Le lit étant ainsi fait, on prépare son toit ou ciel, qui doit être exactement de la même longueur & largeur, & fait de planches arrangées en cadres, dont la face intérieure doit être revêtue de fer blanc. il faut suspendre ce ciel à plat sur une hauteur considérable du lit, mais de façon qu’on puisse le hausser ou le baisser à volonté. On pratique ensuite des échappées aux coins & aux côtés du fourneau, pour donner un libre passage à la fumée : tous ces soins pris, le fourneau est prêt. On verse par paniers le houblon dans le lit, & une personne l’étend doucement avec un bâton, jusqu’à l’épaisseur de huit pouces. On allume ensuite le feu, & on l’entretient égal, jusqu’à ce que la grande humidité soit évaporée. On baisse alors le ciel à dix pouces de la surface du houblon ; ce qui fait comme le chapiteau d’un fourneau de réverbère, & qui, par conséquent, réfléchit la chaleur sur le houblon, de sorte que la couche supérieure est aussitôt sèche que l’inférieure. Lorsque toute la tournée est sèche, on enlève la planche montée sur des gonds, & qui ferme un des côtés du lit ; on la fait pencher par le moyen d’un appui qui la soutient ; on pousse dehors le houblon par le secours d’une planchette fixée au bout d’une perche dont on se sert avec beaucoup de légèreté. On remet ensuite cette planche sur les gonds, & l’on continue de la même manière, jusqu’à ce que l’on ait séché toute la récolte.

XI. Façon de mettre les houblons dans les sacs. Il faut que la chambre où l’on met le houblon qui sort du fourneau, soit sèche & très-aérée : le houblon qui est net & entier, produit un très-bon bénéfice. Comme il est toujours très-cassant en sortant du fourneau, il faut le laisser dans cette chambre au moins trois semaines : pendant ce temps, il devient ferme, pour peu que le temps soit tempéré ; mais si le temps est chaud & humide, il faut le couvrir avec des couvertures. Le houblon