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autour des bouts des perches qui soutiennent d’autres tiges. Sans cette précaution, il se feroit des tiraillemens entre les tiges, lorsqu’on veut enlever les perches de terre, & ces secousses feroient tomber le fruit. Lorsque l’on a dégagé, vers le sommet, les tiges les unes des autres, il faut les couper à trois pieds de hauteur de terre. Quelques cultivateurs coupent les tiges ras du sol ; méthode pernicieuse. Les plantes, à cette époque, sont pleines de sève, & cette sève s’épanche par une blessure faite si près de la racine, & lui cause beaucoup de dommage. Il faut donc couper les tiges à trois pieds au-dessus du sol, & ne couper à la fois que le nombre de tiges suffisant pour occuper ceux qui dépouillent le fruit, parce que les grandes ardeurs du soleil ou les pluies sont préjudiciables aux tiges coupées, dont le fruit n’est point encore cueilli.

Les tiges débarrassées les unes des autres, & coupées en bas, il ne faut point les détacher de leurs échalas, mais au contraire enlever les perches de terre, & porter le tout ensemble à l’aire, où on leur ôte les fruits avant de les délier.

Voici comment se fait l’enlèvement des perches. On se munit d’un billot & de pincettes à long & fort manche ; elles s’ouvrent de même que les tenailles de serrurier. On ébranle doucement les échalas avec la main, & l’on approche le billot : on enfonce alors les pointes des pincettes dans la terre, pour saisir la perche, en appuyant le manche sur le billot qui est fendu & ouvert par le bout.

Les cueilleurs de houblon doivent avoir l’attention de ne point y mêler d’ordure, car, pour peu qu’on y laisse des échardes, des tiges, ou autre malpropreté, il perd considérablement de sa valeur.

Ceux qui cultivent le houblon ne s’accordent point sur le degré de maturité dans lequel il convient de le cueillir. Lorsqu’on le récolte médiocrement mûr, c’est-à-dire, avant qu’il ait acquis la couleur brune, il est d’une couleur plus belle, conserve cette beauté quand il est sec, & retient toute sa graine ; & c’est dans cette partie que réside sa plus grande vertu. Ces avantages ont une apparence séduisante. Lorsqu’il a acquis sa parfaite maturité, sa couleur n’est pas si belle quand il est sec, & on en perd un peu ; mais aussi dans cet état il a acquis, dans toute sa substance, un avantage que l’autre, cueilli plutôt, n’a point ; & comme il est moins humide, il ne perd pas tant de son poids en séchant. Cinq livres de houblon cueilli avant sa maturité, se réduisent au poids d’une livre quand il est sec, & quatre livres de houblon cueilli dans sa couleur brune, rendent quand il est entièrement sec, le même poids, à moins qu’on ne donne pour le moins mûr un prix plus haut que la différence qui est dans le poids ; l’avantage doit être nécessairement pour ceux qui attendent la maturité pour cueillir.

X. De la dessiccation du houblon. Dès qu’il est cueilli, on le fait sécher dans un fourneau construit exprès, parce que, si on le laisse en tas, il s’échauffe très-promptement, perd sa belle couleur, sa bonne odeur, & diminue de prix en conséquence. Si le fourneau est plein, & qu’il reste