Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/534

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perches, avoir l’attention de les faire pencher tant soit peu en dehors des monticules, & éviter de les faire pencher en dedans, parce qu’une telle position fermeroit le passage à l’air ; ce qui seroit absolument contraire à la réussite du plant. On a observé qu’une perche qui penche tant soit peu en dehors vers le midi, supporte un tiers plus de houblon qu’une autre, fichée perpendiculairement.

V. De l’inspection des perches. Lorsque le houblon est parvenu à la hauteur de six à sept pieds, si on voit que la perche, par sa trop grande hauteur, fait trop exhausser la tige ; ce qui l’empêche de produire du fruit, il faut substituer une perche plus courte, & y lier le houblon avec beaucoup de soins ; de même que si on s’aperçoit qu’elle est trop courte pour une plante vigoureuse, on en substitue une plus longue ; enfin, les examiner toutes l’une après l’autre, & raffermir celles qui vacillent. On doit avoir en réserve des échalas de toute longueur, afin de remédier promptement aux accidens qui surviennent.

VI. De la manière de lier les houblons aux échalas. Lorsque les plants sont parvenus à la hauteur de trois pieds, on les lie aux échalas les plus proches, en les tournant avec soin tout autour de cet appui, suivant le cours du soleil. On peut se servir, pour cette opération, du jonc desséché, ou encore mieux de laine : on peut les lier en deux ou trois endroits, sans trop les serrer. Pour peu qu’on endommage les jeunes pousses, on les fait périr. On choisit ordinairement l’heure du midi poux cette opération : le matin, elles sont trop pleines de suc, & trop cassantes le soir.

Après cette opération, il n’y a plus de ligature à faire ; mais, huit à dix jours après, on parcourt la houblonnière, & on redresse avec la main tous les plants qui se dérangent des échalas. Autre visite à faire vers la fin d’avril ; & comme on ne peut plus en ce temps atteindre avec la main aux sommités des plants, il faut rapprocher, avec un bâton fourchu, & long de cinq à six pieds, ceux qui s’écartent des échalas.

À la mi-mai, il est encore essentiel de faire quelques tours dans la houblonnière, dont les plants ont alors acquis une si grande hauteur, qu’on ne peut y atteindre ni avec la main, ni avec un bâton : on se sert, dans ce cas, d’une échelle double, pour redresser avec soin les plants séparés des perches, après quoi on les abandonne à eux-mêmes pendant un mois.

VII. De la formation des monticules. Il faut, au commencement de juin, saisir l’instant de la première pluie, & rompre la terre entre les monticules avec le cultivateur, & on la jette avec soin par-dessus. C’est ainsi qu’on les élargit & exhausse une fois, de trois en trois semaines, pendant tout l’été, afin de détruire les mauvaises herbes, & fournir des sucs aux nouvelles racines.

VIII. Du raccourcissement des plants. Cette opération est importante, puisque, pour avoir de beaux fruits, il ne faut pas que la plante s’élève trop haut en tige, ni qu’elle s’épuise en feuilles. On a laissé tranquilles les plants de houblon, pendant un mois, après les avoir disposés avec régularité dans le mois de mai : après