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venu, on abat les sommités des plants les plus vigoureux, & on ensevelit le reste des tiges dans la terre. Alors cette espèce de marcotte fournit un grand nombre de plants sains & robustes, que l’on peut planter, l’été suivant, à la place de ceux qui ne sont pas de belle venue, ou qui sont foibles. En suivant cette méthode, on améliore tous les ans une houblonnière, qui récompense parfaitement les soins du cultivateur. Détruire les mauvaises herbes, tenir la superficie du sol toujours bien travaillée, bien ameublie, sont des soins essentiels.

IV. De la manière de fixer les êchalas ou perches. Dès que le temps devient doux au printemps, il convient de ficher dans la terre les perches qui doivent soutenir les houblons. On les fait d’aune, de frêne, (voyez ces mots) de la longueur de quinze pieds pour la première année, & de cinq pouces de grosseur. Lorsque le sol est riche, que par conséquent les plants sont vigoureux, il faut de nouvelles perches pour la seconde année, de vingt pieds, & de sept pouces de grosseur. Si les monticules sont à la distance de sept pieds les uns des autres, il faut trois perches pour chaque monticule : si la distance est de huit pieds, il en faut quatre. Si le sol est riche, & la distance de neuf pieds, on met cinq perches par monticule, de sorte que l’on peut compter ordinairement quatre mille perches par arpent.

Lorsque nous disons que les perches doivent être plus courtes la première année, que les suivantes, c’est parce que l’accroissement du houblon est, en quelque façon, déterminé par la longueur & la grosseur de la perche qui le soutient ; de sorte que si la perche est longue, & le sol pauvre, toute la nourriture s’épuise en tige & en feuilles, & ne produit presque point de fruit ; au lieu que, lorsque le sol est bon, & que les monticules sont placés à neuf pieds de distance, les racines s’étendent, & puisent leur nourriture dans les intervalles où l’on a l’attention de faire la guerre aux mauvaises herbes avec le cultivateur ; de sorte qu’on peut donner, la première année, des perches de quinze pieds, & la seconde, de vingt pieds de longueur. Malgré cette hauteur, qui paroît énorme, la tige monte jusqu’au sommet de la perche, & la racine est assez forte pour nourrir le fruit.

Il faut placer les perches près de chaque monticule, après que les pousses ont percé la superficie de la terre, & non auparavant. On risqueroit sans cela de blesser le plant, parce qu’on n’est point assuré de l’endroit où il faut les ficher : mais, d’un autre côté, si on reste longtemps sans les ficher, on arrête la naissance des pousses, parce qu’elles ne peuvent s’élever sans appui. Il faut donc la commencer avant que les pousses paroissent, & la finir avant qu’elles aient acquis trois pieds de hauteur.

Plus le sol est riche & les perches longues, plus il faut les ficher en avant dans la terre ; car la perche, qui s’enlève & se renverse, porte plus de préjudice que si elle se cassoit. Chaque perche doit avoir une espèce de fourche à son sommet, afin qu’elle soutienne mieux la tête du houblon. Il faut, en fichant ces