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Le houblon avorte toujours dans un sol graveleux & dans un sol argileux, ainsi que dans le pierreux. On peut rétablir dans tout autre sol ; il ne manque jamais, si on a le soin de choisir les espèces moins estimées pour les terrains médiocres.

Comme le houblon plonge ses racines à une grande profondeur, & qu’il les étend beaucoup, il attire une si grande quantité de suc, & épuise tellement le sol, que toute autre plante, que l’on sème après avoir détruit la houblonnière, n’y réussit presque point, excepté les arbres, attendu que leurs racines plongent beaucoup plus bas que celles du houblon ; au lieu, qu’on peut planter le houblon après toute autre production, en exceptant cependant celle du sainfoin ou esparcette, de la luzerne, & de toute plante à racines pivotantes.

Un bon sol, qui a été semé en blé, fournira très-bien, pendant huit ans à une houblonnière, la nourriture nécessaire ; un sol vierge la soutient pendant douze ans ; mais, passé ce temps, elle se trouve épuisée. C’est pourquoi nous conseillons de planter des pommiers & des cerisiers dans le même sol où l’on plante des houblons. Ces jeunes arbres n’appauvrissent point le terrain, & au bout de douze ans, les cerisiers portent du fruit, & durent fort aisément vingt-cinq ans. Alors on peut les abattre, & les pommiers se trouvent dans un état vigoureux. Une pièce de terre bien abritée, située dans un bas, à une exposition méridionale, & environnée des autres côtés par des arbres, est la plus avantageusement située pour une houblonnière.

II. De la formation & du placement des monticules pour une houblonnière. Le mois d’octobre est le temps auquel on plante le houblon : il faut préparer la terre au moins un mois auparavant, l’ouvrir à une grande profondeur, la rompre & la bien ameublir. Après cette opération, on procède aux monticules qui, dans un sol peu abondant, doivent être à neuf pieds de distance, & à sept pieds dans un sol riche. Pour parvenir à une disposition régulière des monticules, on met une corde qui prend d’un champ à l’autre, sur laquelle on mesure le nombre de pieds de la distance qu’on veut donner aux monticules ; on fait un nœud à chaque distance déterminée, & à chaque nœud on fiche en terre un petit bâton, pour marquer la place de chaque monticule, laissant en tout sens la même distance. Par ce moyen, on se ménage la facilité de se servir du cultivateur, (voyez le mot Charrue) pendant que les houblons sont sur pied.

Après cette préparation, il seroit très-avantageux de planter les houblons dans le fumier dont on va parler. On ramasse une certaine quantité de terre fine & riche, proportionnée à la quantité des monticules : on y ajoute la quatrième partie de vieux fumier bien pourri, & la dixième partie de sable, & on mêle le tout ensemble ; ensuite on ouvre, à chaque bâton fiché dans la terre, un trou de deux pieds de profondeur, & d’un pied & demi de largeur & en quarré, & on remplit le tout de la composition précédente. Rien ne donne plus de vigueur & de célérité aux plants.

III. Plantation du houblon. Il est