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engrais que la houblonnière exige. Les réflexions que je présente, sont soumises à l’examen impartial des cultivateurs du houblon, parce que n’ayant jamais cultivé cette plante, je ne puis en parler que d’après les descriptions qu’on en a faites. Il me seroit très-facile de m’approprier le travail des écrivains qui m’ont précédé : mais ce n’est ni ma manière de penser ni d’agir. J’avoue donc que je copie cet article de l’ouvrage anglois de M. Hall, intitulé le Gentilhomme Cultivateur, & traduit en françois, par M. Dupuy d’Emporté.

On distingue ordinairement quatre sortes de houblons ; le sauvage, celui à longues tiges rouges, le houblon blanc, & le houblon court de la même couleur[1].

Le houblon sauvage est petit, & ne mérite guère l’attention du cultivateur ; le houblon long, à tige rouge, est de très-bon goût, mais n’est pas aussi marchand à cause de sa couleur : le blanc long est le plus estimé. Le court est très estimé, & d’une belle couleur ; mais il n’est pas d’un produit aussi considérable que le houblon blanc & long.

Si toute sorte de sol convenoit à cette espèce, elle seroit la seule qui mériteroit les soins & les travaux des cultivateurs ; mais, comme elle demande un sol moelleux, riche, & que celle à tige rouge réussit parfaitement dans un terrain médiocre, il vaut mieux avoir une récolte bien nourrie & bien abondante de cette dernière espèce, qu’une pauvre récolte de la première. C’est pourquoi le cultivateur doit sentir combien il lui importe de choisir, pour la qualité de son sol, le houblon qui peut le mieux y réussir.

Si on a un sol riche, on doit la préférence au houblon blanc : si, au contraire, le sol est mêlé de sable, il faut y planter le houblon blanc & court ; l’un & l’autre réussissent très-bien sur le même sol. Si le terrain abonde beaucoup en argile, ce seroit en vain qu’on y planteroit des houblons quelconques ; ils y périroient : mais si le sol n’est qu’en partie argileux, on peut y planter, avec espérance de succès, le houblon à tige rouge.

Quant à la couleur de la superficie du sol, il ne faut point s’y arrêter, pourvu que le fonds de terre soit léger & riche.

I. Du sol convenable aux houblonnières. Si on excepte les arbres, il n’est point de plante qui plonge plus profondément ses racines que le houblon : c’est pourquoi, en travaillant la terre, il faut renverser le sol, & enterrer sa superficie ; ce qui se fait par le secours des tranchées. Lorsque le sol, dont on a fait choix pour une houblonnière, est trop humide, il convient de le façonner par rangées fort hautes, afin de le bien dessécher, & l’entretenir toujours dans cet état ; autrement les racines périroient pendant l’hiver.

  1. On doit ranger ces espèces parmi les espèces jardinières ; (voyez ce mot) leur caractère distinctif est trop variable pour constituer une espèce botanique. (Voyez ce mot). Le houblon sauvage est le type de tous les autres. (Note du Rédacteur.)