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est rare que les chevaux qui en sont atteints, puissent être de quelque service.

Les autres espèces de hernies sont rares dans les animaux. M. T.


HERSE. Instrument avec lequel on recouvre de terre le grain nouvellement semé, ou qui sert à briser les mottes & à unir la superficie du sol, après l’avoir labouré. HERSER, c’est employer cet instrument tiré par des chevaux, des mules, des bœufs, &c.


CHAPITRE PREMIER.

Description des différentes Herses.


La première herse, sans doute, a été formée d’un assemblage de fagots d’épines attachés à une pièce de bois, & chargés d’une quantité suffisante de pierres ou de bois pour leur donner une pesanteur convenable. Cette idée est la plus simple, & il faut convenir que, lorsque les arêtes des sillons sont bien marquées, cette herse grossière est suffisante lorsque la terre a été labourée dans des temps opportuns, parce qu’elle se trouve alors sans mottes. (Voy. le mot Labour). Aucune herse n’unit aussi parfaitement la superficie de la terre que celle-ci ; mais comme le frottement brise bientôt les rameaux épineux, & qu’il faut sans cesse les suppléer par de nouveaux, on a trouvé plus expédient d’en former de solides, & capables de servir pendant une longue suite d’années. C’est la plus mauvaise de toutes les économies d’avoir de mauvais instrumens d’agriculture : on est sans cesse à les réparer ; & quoique toutes les petites réparations accidentelles soient à chaque fois peu coûteuses, leurs dépenses mises bout à bout, ne laissent pas d’offrir à la fin de l’année un capital qui étonne, & souvent supérieur à celui d’une construction à neuf.

Admettons que ces déboursés ne soient pas aussi forts que je les présente ; mais ne comptera t-on pas pour beaucoup la perte du temps employé à ces réparations ? souvent un seul jour perdu, ou dont on n’a pas profité pour les semailles, devient irréparable lorsque les pluies équinoxiales commencent : les mois d’octobre & novembre 1783 en sont la preuve. Une pièce se casse, il faut envoyer à la ville ou au village, chez le charron, le maréchal ou le forgeron ; & voilà une journée perdue pour un valet, & plusieurs chevaux. Si on s’imagine que le paysan ait des instrumens de rechange, ou que longtemps avant l’époque de s’en servir, il les visite, il examine s’ils sont en état, on se trompe grossièrement ; le paysan vit du jour le jour, & ne voit pas plus loin. Sur ce fait, je m’en rapporte au témoignage de ceux qui font cultiver.

Pour construire solidement une herse, on doit choisir du bois très-sec, coupé au moins depuis deux ans, & tenu dans un lieu naturellement sec, & exposé à un grand courant d’air ; enfin, si on le peut, enlever tout aubier, (voy. ce mot), tout bois imparfait, & n’employer que le cœur de l’arbre. Quelque forme que l’on donne à la herse, il importe beaucoup que l’assemblage soit fait avec la plus grande précision ; autrement les pièces ballotteront, soit dans les moratoires, soit dans les entailles, & les pièces de l’instrument seront