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tiennent une matière mucilagineuse qui, comme l’hydromel, attire l’humidité ; elles n’ont leur vertu que pendant l’espace d’une année ; elles la perdent ensuite de même que les fleurs de mélilot ; la camomille peut être gardée plus long-temps ».

» Les plantes aromatiques bien desséchées & bien conditionnées, durent plusieurs années. Le thym, la marjolaine, l’hysope conservent très-long-temps leur odeur ; mais la matricaire & quelques autres, après une année sont sans force. »

» Les écorces & les bois restent bien plus long-temps doués de toutes leurs vertus. Les racines, comme celles de gingembre, d’angélique, de souchet, du calamus aromaticus, sont cinq ou six années en vigueur. Celles dont la substance est compacte & résineuse, comme dans le jalap, le turnips, &c., durent plus que les ligneuses & les fibreuses ».

» En général, il est à propos de renouveler le plus souvent qu’il est possible, toutes les productions végétales desséchées ; elles s’affoiblissent continuellement par l’évaporation ; l’humidité y introduit la putréfaction ; plusieurs insectes les attaquent & nuisent à leur efficacité ».

Tels sont les principes généraux indiqués dans les Démonstrations élémentaires de botanique ; on ne peut y ajouter que ce que les circonstances locales indiqueront. C’est au botaniste & au pharmacien à les prévoir naturellement ; une pratique journalière achèvera de les instruire. M. M.


HERMAPHRODITE. Celui que l’on dit réunir les deux sexes. Ce n’est pas le cas d’examiner ici s’il existe de vrais hermaphrodites dans l’espèce humaine ; ce seroit nous écarter de notre but ; mais il est plus que probable que ce qu’on appelle hermaphrodisme humain, tient à la monstruosité ou au déplacement de quelques-unes des parties qui concourent à la formation des organes de la génération. La nature trop attentive à la propagation de l’espèce, ne se dérange ni ne s’écarte jamais de ses loix essentielles. Je laisse aux physiciens & aux anatomistes a prononcer sur ce fait.

Il n’en est pas ainsi pour un très-grand nombre d’insectes qui sont réellement hermaphrodites, c’est-à-dire, dont les parties mâles & femelles de la génération sont très-distinctes, parfaitement caractérisées ; en un mot, ces insectes s’accouplent & comme mâles & comme femelles tout-à-la-fois ; le colimaçon en est un exemple frappant ; mais leur reproduction exige l’accouplement de deux individus. Plusieurs naturalistes ont avancé que beaucoup d’autres insectes n’avoient pas besoin d’accouplement, & qu’ils se reproduisoient d’eux-mêmes sans le secours d’un compagnon ou d’une compagne. Pour avoir des idées plus étendues sur ce point merveilleux de la reproduction, on peut consulter les ouvrages du patient, profond & célèbre M. Bonnet de Genève, sur les pucerons. L’hermaphrodisme des fleurs de la majeure partie des plantes est démontré jusqu’à l’évidence, & le sceptique le plus opiniâtre, pour peu qu’il soit de bonne foi, est obligé de se rendre.

Les fleurs de toutes les plantes, en général, peuvent être classées sous trois points de vues différens. Le