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» Les bulbes ou oignons, pour être exactement desséchées, doivent être effeuillées & exposées à la chaleur du bain-marie ».

» Les semences farineuses n’exigent qu’une exposition dans un endroit sec & médiocrement chaud ; elles contiennent moins d’humidité que les autres parties des plantes. Les semences émulsives, celles qui sont renfermées dans les fruits charnus, telles que les semences froides de concombre, de melon, de courges, de citrouilles, doivent être mondées de leur écorce, mais seulement à mesure qu’on s’en sert, afin que l’huile essentielle qu’elles contiennent n’acquière pas une mauvaise qualité. Les semences odorantes doivent être conduites à une parfaite dessiccation ».

» Les fruits veulent être desséchés promptement, d’abord au feu jusqu’à un certain point de dessiccation, ensuite au soleil. On doit donner à ceux que l’on soupçonnera contenir des œufs d’insectes, un degré de chaleur de 40 degrés qui les fait périr. On enferme les fruits dans un lieu sec, & ils se conservent assez longtemps ».

» Il est enfin des plantes qui ne peuvent être desséchées, parce que leur vertu réside dans leur humidité. L’oseille est de ce nombre, ainsi que le pourpier, la joubarbe, les sedum, les cucurbitacées, les crucifères, qui par la dessiccation perdroient leurs parties volatiles. On dessèche cependant la coloquinte, mais il faut y employer beaucoup de soin ; on la dépouille de son écorce, afin que l’air pénètre le parenchyme, & prévienne la fermentation qui conduit à la putréfaction ».

» On ne doit pas exposer aux injures de l’air les plantes desséchées ; la vicissitude de cet élément cause, selon Becker, la destruction des corps. Dans un temps humide, les plantes redeviennent humides, & ces altérations leur font perdre tous leurs principes actifs. Les aromatiques sont celles qui exigent le plus d’attention ; on doit les enfermer soigneusement dans des boîtes vernies en dehors pour empêcher que l’air ne pénètre dans l’intérieur. On peut encore les conserver dans des vaisseaux de verre ou de terre bien cuite & bien vernissée ».

Avant d’enfermer les plantes pour les conserver, il convient de les remuer & de les secouer sur un tamis de crin, afin d’en séparer le sable, les œufs d’insectes & les petits insectes vivans dont elles sont ordinairement remplies ; ils mangent & altèrent les plantes jusqu’à leur mort ; les œufs qu’ils laissent éclosent bientôt, & le mal se renouvelle ».

» Il est des plantes sèches qu’on ne peut garder que très-peu de temps, quelque soin qu’on y donne. Les unes ne durent que quelques mois ; il faut renouveler les autres tous les ans ; d’autres se maintiennent quelques années. Les fleurs de violettes, qu’il faut nécessairement tenir dans des vaisseaux de verre bien clos, n’ont après un mois qu’une odeur d’herbe ; la partie odorante est la seule qui donne la couleur ; elle s’évapore bientôt. On n’obvie à ces inconvéniens, qu’en réduisant le suc des violettes à la consistance de sirop. Les fleurs de bourrache & de buglose desséchées, n’ont plus de vertu. Celles de mauve & de bouillon blanc, doivent être gardées dans des vaisseaux de terre, parce qu’elles con-