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épaisses & trop dures, & même les fruits parmi lesquels un grand nombre peuvent entrer dans l’herbier, lorsqu’ils ont acquis leur accroissement.

« Lorsque la plante est bien étendue, on la couvre de trois ou quatre feuilles de papier, sur lesquelles on dispose de la même manière une nouvelle plante ; lorsque celle-ci est disposée, on la recouvre à son tour, on en place une troisième, & successivement toutes celles qu’on a rapportées de l’herborisation. Cette opération faite, on recouvre la plante d’un carton fort, ou d’une planche que l’on charge de quelque corps pesant ; il est encore mieux de la placer sous une presse dont on ménage la force à volonté. Dans le cas où le tas de papier & le nombre des plantes paroitroient trop considérables, il est à propos de le diviser en deux, ou du moins de placer dans le milieu un carton ou une planche qui arrêté la communication de l’humidité, & qui fasse agir la pression avec égalité dans le centre du tas & aux extrémités ».

» Les plantes ne doivent rester en presse que douze ou quinze heures au plus, ce temps passé il faut les tirer de leurs papiers qui se sont chargés d’une grande quantité de parties aqueuses ; si on les y laissoit plus long-temps, elles commenceroient à noircir & ne se dessécheroient pas assez promptement ; on ne doit se flatter de conserver le verd des feuilles & les couleurs des pétales, qu’en accélérant la dessiccation. On découvre donc les plantes successivement, & on les place comme ci-devant, sur des paquets de nouvelles feuilles bien sèches. C’est le moment où l’on achève de ranger les feuilles des plantes, & les autres parties qui conservent encore leur flexibilité ; avec la tête d’une grosse épingle, on étend celles qui sont froissées ou repliées ; on sépare celles qui se recouvrent, &c. ; on dispose chaque espèce dans la situation qu’on veut lui conserver, & on remet le tas sous la presse ».

» On peut laisser dans cet état les plantes, deux fois vingt-quatre heures, sans changer leurs papiers, si sur-tout on a interposé un grand nombre de feuilles ; on les renouvelle ensuite une troisième, une quatrième fois, &c. ; à chaque changement on n’emploie que des papiers bien desséchés ; si on en manque, avant de s’en servir on fait dissiper toute leur humidité devant le feu ou dans le four ; on ne doit cesser d’en donner de nouveaux aux plantes que lorsqu’on s’aperçoit qu’elles commencent à acquérir assez de solidité pour se soutenir dans toutes leurs parties, lorsqu’on les soulève par leurs tiges ; alors il n’est plus nécessaire de les tenir aussi fortement comprimées ; ce qui leur reste d’humidité s’évapore avec d’autant plus de facilité que la pression est moins forte. Il ne faut cependant pas les laisser totalement libres, plusieurs feuilles se crisperaient. (Quelques botanistes suivent un usage différent dans les commencemens ; ils chargent très-peu leur plantes, & ils en augmentent successivement la compression. L’une & l’autre méthodes peuvent être bonnes, tout l’art consiste à accélérer la dessiccation.) On ne renouvelle plus les papiers ; la dessiccation s’achève au bout de quelques mois ; on peut alors ranger les plantes dans l’herbier, & si l’on juge qu’elles con-