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sans vertus, ce ne sont plus que des squelettes terreux, privés de la végétation ; leurs vaisseaux obstrués ne reçoivent plus les sucs nutritifs ; c’est pourquoi l’on voit plusieurs écorces se détacher & tomber d’elles mêmes ; l’orme, le cerisier, la quinte-feuille en arbre, en fournissent des exemples ».

» Le temps de cueillir les feuilles est celui où le bouton des fleurs commence à se montrer ; celui de cueillir les fleurs qu’on ne doit jamais séparer des calices, est marqué par le moment de leur épanouissement ; leur vertu est alors plus considérable qu’elle ne le seroit, si on ne les eût ramassées avant ce temps : les roses de Provins, épanouies, sont un purgatif ; avant leur épanouissement elles ne sont que styptiques : après l’entier développement, la vertu de la plante se dissipe. Il est des exceptions à ce principe ; les plantes aromatiques n’acquièrent leur efficacité qu’après la chute de la fleur, & lors de la parfaite maturité de la semence ».

» Le corps ou l’amande de la semence, n’est pas odorant en lui-même ; il n’est qu’émulsif ; la partie odorante aromatique, réside dans ses membranes intérieures logées dans une infinité de petites vésicules. La partie odorante des labiées, est enfermée dans le calice & dans la partie intérieure de l’écorce ; le pétale n’en a point, ou très-peu : si l’on sépare les pétales du romarin pour les faire sécher, on n’en obtiendra qu’une huile essentielle ; l’esprit recteur ou aromatique qui leur restera, sera en petite quantité & se dissipera très-promptement. Il est donc essentiel, dans ces sortes de plantes, de cueillir les calices avec les pétales ».

» Quant aux liliacées elles n’ont point de calice ; toute leur odeur réside dans les pétales, & leurs parties aromatiques fixées dans la poussière fécondante, sont si volatiles qu’on ne peut les retenir, & qu’on ne les apperçoit qu’en certain temps. Ces plantes perdent bientôt leur odeur, & ne l’acquièrent qu’au temps de leur fécondité ; avant l’épanouissement des pétales, elles n’en ont point ; quand elles défleurissent elles n’en ont plus. C’est ainsi que dans le temps destiné à la fécondation, il se fait chez les animaux une émanation de corpuscules odorans, par le moyen desquels le mâle est averti & sent que la femelle est en chaleur. Il est donc inutile de travailler à dessécher les plantes liliacées ; si l’on veut en tirer les parties actives, il faut les cueillir dans le moment de la fécondation, & l’on ne peut fixer leurs parties aromatiques qu’en les enchaînant dans des huiles essentielles ».

» Plusieurs plantes ont des fleurs très-petites ; on ne peut conserver leurs vertus sans prendre en même temps les feuilles & souvent les tiges, sinon on donneroit lieu à une trop grande dissipation des parties actives. Les petites plantes s’emploient tout entières, & ne doivent être cueillies que lorsqu’elles sont en vigueur ; c’est-à-dire, lors de la floraison ».

» Il faut attendre la parfaite maturité des semences pour les ramasser ; celles qui sont renfermées dans des fruits charnus, en doivent être séparées, autrement elles se gâteroient ; d’autres demandent à être conservées dans leurs capsules, tels sont la plupart des aromatiques.