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lie les deux bouts de fil très-serrés à l’extrémité. Enfin, le sang arrêté, le malade ne fera aucun mouvement, restera couché, la tête haute, s’abstiendra de parler. Enfin, il se nourrira de bouillon seulement, & sa boisson sera astringente ; une légère décoction de pourpier à laquelle on ajouteroit quelques gouttes d’acide vitriolique jusqu’à agréable acidité pourroit convenir ; on attendra de plus que les tentes de charpie se détachent d’elles-mêmes. Si l’hémorragie revient périodiquement, & qu’elle dépende de la suppression des règles ou des hémorroïdes, il faut encore la respecter, & ne pas la troubler. Il est souvent très-dangereux de vouloir rappeler ces évacuations à leurs couloirs naturels, sur-tout quand la nature a contracté l’habitude de les reproduire tous les mois dans d’autres parties. L’hémorragie tient alors lieu de règles ou de flux hémorroïdal ; il vaut encore mieux pour le malade souffrir une pareille incommodité que de s’exposer à des maux plus affreux.

L’hémorragie qui vient d’une solution de continuité, par quelque cause externe, ne doit point être arrêtée sur le champ. On doit laisser couler le sang, pour procurer le dégorgement des parties qui ont été contuses, avant d’appliquer de la charpie qu’on comprimera sur la plaie ; si la charpie n’arrête point l’hémorragie, on appliquera sur le vaisseau qui sera rompu, de l’amadou seule, ou imbibée dans le vinaigre, & la ligature par-dessus avec une compresse. M. AMI.


Hémorragie, Médecine vétérinaire. Perte de sang qui arrive à la suite d’une opération mal faite ou de l’ouverture ou rupture de quelque vaisseau.

Les principaux moyens d’arrêter le sang font au nombre de quatre : la compression, l’application des astringens ou styptiques, le cautère actuel & la ligature du vaisseau.

Lorsque le sang vient d’une plaie profonde, on doit appliquer le cautère actuel sur l’orifice du vaisseau, & le recouvrir avec la poudre de lycoperdon ou vesse-de-loup, que l’on contiendra par un bandage convenable.

Le lycoperdon est une espèce de champignon que l’on trouve dans les bois, dans les endroits un peu humides, & qui, quand il est mûr, contient une poudre jaunâtre dont la propriété est d’arrêter le sang des artères en rappliquant à l’orifice des vaisseaux ouverts. M. Lafosse père, ayant fait part de cette découverte en 1750, à l’Académie Royale des Sciences, l’Académie nomma des commissaires pour vérifier les faits allégués dans son mémoire ; pour cet effet, on coupa les jambes de devant à un cheval, dix pouces au-dessus du genou ; les artères n’ayant point fait de jet, pour leur en faire faire, on mania le moignon pendant un demi quart-d’heure, mais inutilement, on appliqua ensuite la poudre de lycoperdon qu’on retint par un plumaceau d’étoupe & un bandage convenable, trois jours après il n’étoit point survenu d’hémorragie. Cette expérience n’ayant pas paru décisive, on coupa la cuisse à une jument, dix pouces au-dessus du jarret ; le sang darda avec impétuosité, & on l’arrêta par l’application de la poudre de lycoperdon.