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Les indications curatives doivent avoir pour objet les causes qui la produisent. Elles se rapportent 1°. aux contractions spasmodiques que souffrent certains organes voisins ou éloignés du poumon, qui par sympathie déterminent le sang à se porter avec effort sur ce viscère, à la pléthore générale ou particulière, à la suppression des évacuations périodiques & habituelles. 2°. À l’affoiblissement du poumon. 3°. Aux signes sensibles de dissolution & d’acrimonie, qui par érosion déterminent l’hémoptysie.

1°. Le premier de tous les remèdes pour combattre la pléthore, détendre le spasme & retirer le sang de la partie où il se porte, est la saignée qu’on doit répéter selon les circonstances. S’il est des maladies où l’abus de ce moyen soit pardonnable, c’est sur-tout dans celle-ci, d’autant plus qu’il y a douleur de côté, & que la difficulté de respirer est considérable. Pour peu que le pouls s’élève, même sans fièvre, il faut encore saigner. On a à craindre des accidens dont les suites pourroient être funestes ; mais la saignée du pied & l’application des sangsues à l’anus, feront plus avantageuses, s’il a précédé des suppressions de flux hémorroïdal, ou de flux menstruel.

Après avoir saigné convenablement, il faut faire prendre aux malades toutes les boissons froides, ainsi que les crèmes de riz, & autre nourriture liquide. Mais il faut prendre garde de ne pas arrêter la transpiration avec les boissons froides. Merly médecin italien, conseille l’eau à la glace, & les glaces au citron dans le même temps où l’hémoptysie va paroître & dans les intervalles. L’application de ce remède est délicate : elle pourroit être pernicieuse à certains tempéramens.

Les nitreux, le cinnabre, l’eau de poulet, celle de veau, l’infusion de guimauve & de bouillon blanc, les huileux, sont de puissans antispasmodiques, & procurent toujours une détente avantageuse : s’il y a des alternatives de spasme & de foiblesse, le quina est un antispasmodique qui manque rarement ; mais il faut avoir fait précéder les remèdes généraux. Les narcotiques administrés avec prudence, seront employés lorsque les antispasmodiques auront été insuffisans.

2°. Lorsque la foiblesse du poumon accompagne l’hémoptysie, il ne faut le fortifier qu’à la fin de la maladie ; on interdira aux malades les alimens venteux, grossiers & de difficile digestion : ils éviteront avec soin les emportemens & la colère : si les sujets sont vaporeux, on leur donnera les remèdes nervins, mais de temps en temps, on en variera l’espèce. Il est superflu de prendre des remèdes pour chasser les grumeaux de sang qui sont dans les bronches : la nature est suffisante ; il n’est pas même nécessaire d’en hâter l’expectoration. Cependant les forces toniques peuvent être languissantes ; alors la nature manquant de force, doit être aidée ; & pour cela il n’est rien de meilleur que les vapeurs du vinaigre. Il faut prescrire l’exercice aux malades, & sur-tout l’exercice à cheval dans un air sec & libre, à jeun ou après la digestion : il doit cependant avoir égard à certaines circonstances, parce qu’il pourroit causer l’hémoptysie au lieu de la prévenir.

3°. Quand l’hémoptysie reconnoît