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un squirre, des tumeurs cancéreuses peuvent produire hémoptysie.

Une infinité de causes externes peut disposer à cette maladie : on ne doit pas oublier qu’elle peut être héréditaire ; si elle dépend d’une telle cause elle est toujours incurable. L’art ne fournit aucune ressource pour la combattre avec quelque succès ; il faut nécessairement succomber.

Il résulte donc de ces différentes causes déterminantes, « qu’il se fait des dilatations forcées, des érosions, des ruptures, des déchiremens des vaisseaux sanguins dans les parties des poumons qui en sont susceptibles : que le sang épanché dans les canaux aériens, produit une irritation dans la membrane délicate, & douée d’une grande irritabilité dont ils sont tapissés ; soit par le seul contact d’une matière étrangères à ces cavités, soit par l’acrimonie dont cette humeur est déjà viciée, ou par celle qu’elle contracte, pour peu qu’elle soit arrêtée dans ces conduits : que cette irritation excitée dans les membranes bronchiques, & par communication dans tous les organes de la respiration, occasionne des mouvemens de contraction répétés, d’une manière convulsive qui constituent la toux, & opèrent l’expectoration violente qui suit du sang, ou des mucosités sanglantes chargées de bulles d’air, qui y sont mêlées, par l’agitation, le fouettement, pour ainsi dire, qu’elles ont éprouvé avant que d’être chassées des cavités bronchiques, ce qui rend es crachats écumeux ».[1]

L’hémoptysie n’est pas toujours une maladie essentielle ; elle est souvent symptomatique, & bien loin de vouloir y remédier, il est plus avantageux de la respecter, & ne pas la troubler : quelquefois elle tient lieu d’évacuation périodique chez les femmes, & supplée au flux hémorroïdal chez les hommes.

Si le crachement de sang n’est pas excessif, il est un symptôme favorable ; comme dans la pleurésie, la péripneumonie, & plusieurs autres maladies. Mais il est toujours d’un très-mauvais augure dans les hydropisies le scorbut, & la phthysie : il suppose toujours un ulcère dans la substance du poumon, comme lorsqu’il survient à la suite d’une très-longue maladie.

L’hémoptysie est une maladie funeste aux personnes avancées en âge : les jeunes gens qui y sont sujets, deviennent tôt ou tard pulmonique ; rarement vivent-ils au-delà de 30 à 36 ans. Pour l’ordinaire, ils passent du crachement de sang à celui du pus, du crachement du pus à la consomption, & de la consomption à la mort.

D’après ces considérations, il est aisé de voir que l’hémoptysie est une maladie très-dangereuse, & que ceux, qui y sont sujets, meurent de bonne heure. Dans le traitement de cette maladie, il paroît qu’il n’y a qu’une indication à remplir ; elle doit consister dans l’emploi des moyens propres à fermer le vaisseau qui fournit le sang. Le choix tomberoit sans doute sur les remèdes astringent, si leur usage n’étoit point pernicieux : ce n’est point ce qu’on doit avoir en vue.

  1. Encyclopédie, Vol XVII, pag, 210.