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dégradés dès la première année. Je préférerois cependant les fossés dans les pays où les coups de vent, les grands courans d’air sont rares, surtout si ces pays sont d’ailleurs bien boisés ; mais dans les cantons où il règne assez habituellement des raffales de vent, je demande à quoi servent les fossés, qui ne peuvent en aucune manière diminuer leur violence ? Tout ce qui avoisine la mer, tout champ au-dessous des montagnes, & sur lesquelles leur courant d’air se rabat, demandent des haies, non pas de quelques pieds d’élévation, mais de la plus grande hauteur possible. C’est en multipliant les clôtures de Bambou, que les hollandois sont parvenus, au Cap de Bonne-Espérance, à mettre à couvert leurs récoltes des ouragans destructeurs.

Je conviens que les haies sont le repaire des oiseaux granivores ; mais les oiseaux feront-ils jamais autant de dégât à une moisson, à un pré, à une vigne que le simple passage d’un troupeau ? Les insectes, les chenilles qui dévoreront une haie, n’attaquent ni les blés ni les herbes des prairies, &c. On objectera encore l’exemple des plaines de la Brie, de la Beauce, &c., fertiles à l’excès, & dépourvues de haies. Cela est vrai, mais tout le royaume ne ressemble pas à ces provinces, dont la vue est si triste lorsque les blés sont coupés, & si monotone lorsqu’ils sont sur pied. Les récoltes y sont superbes, & on est obligé d’y couvrir les maisons de chaume ou de paille, & de se chauffer avec le chaume à cause de la rareté du bois. Un propriétaire doit trouver dans le produit de ses champs tout ce qui est nécessaire à sa consommation, sans être obligé de l’acheter, à moins que le climat ne s’oppose à la diversité des cultures. On objectera peut-être le peu de qualité du produit de certaine culture, du vin, par exemple. Il vaut mieux le recueillir mauvais que de n’en pas avoir, à moins que dans le voisinage il ne soit à vil prix. Si le propriétaire en achète pour ses gens, il choisira celui à plus bas prix, & par conséquent le plus mauvais ; il valoit autant cultiver un peu de vignes, ou des poiriers ou des pommiers à cidre plantés en haies.

Je suis partisan des haies, j’en conviens, & des haies fort élevées, & je serois au comble de ma joie, si j’en voyois un jour dans le Comtat, dans la basse-Provence & dans le bas-Languedoc de semblables à celles de Normandie, soit en chêne vert, soit en ormeau, soit en frêne, on y conserveroit au moins dans plusieurs endroits, les oliviers qui y dépérissent, & dont le nombre diminue à vue d’œil chaque année, parce que les abris se sont affaissés, & les arbres sont de plus en plus exposés aux vents impétueux, & par conséquent à la rigueur des hivers.


HAMPE, Botanique. Toutes les tiges des plantes ne sont pas de la même forme ; les unes portent les feuilles, les fleurs & les fruits, tandis que d’autres ne sont chargées que d’une de ces parties. Lorsque les feuilles sont radicales, c’est-à-dire, qu’elles partent immédiatement de la racine ou de son collet, alors on voit ordinairement s’élever de leur centre une tige droite, à l’ex-