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beaucoup, & constituent les différens degrés de ténacité.

Le coup-d’œil du plâtre cru est trompeur ; celui qui veut bâtir, doit auparavant l’essayer & examiner attentivement le degré de cuite que chaque espèce demande. Par exemple, le gypse proprement dit, ou plâtre cristallisé & lamelleux exige moins de feu pour cuire que les autres. Le plâtre trop cuit n’est pas bon ; il ne vaut rien s’il n’est pas assez cuit, & une cuite une fois manquée est perdue. On aura beau la remettre au four, cuire le plâtre de nouveau, on prendra de la peine & on consommera du bois en vain. Ce plâtre, sur-tout dans le premier cas, peut servir à l’engrais des prairies & des luzernes, ainsi qu’il sera dit ci-après.

Le plâtre après sa calcination fait effervescence avec les acides. Il faut donc que l’action du feu & le courant de la flamme aient dissipé l’acide vitriolique qu’il contenoit auparavant.

À Paris & dans une grande étendue à sa circonférence, on emploie le plâtre à la construction des maisons. Sa maçonnerie n’égale pas en durée celle faite à la chaux, parce qu’elle travaille toujours, c’est-à-dire, qu’elle passe successivement à l’état sec ou humide suivant la constitution de l’atmosphère ; de manière que lorsque le plâtre est bien imbibé d’humidité, s’il survient une gelée, l’eau se convertit en glace, occupe un plus grand volume, & désunit les molécules du mortier, enfin rend les murs caducs. Comme l’effet de la gelée est de chasser l’humidité du dehors en dedans, & la chaleur, de la tirer du dedans en dehors, il n’est pas rare de voir, par ces deux effets, opposés, une séparation dans l’intérieur du mur & sur son étendue. Cette séparation a visiblement lieu, lorsque les maçons, suivant une mauvaise méthode, font les deux paremens du mur avec des moellons & garnissent le vide qui reste entre deux avec du plâtre & quelque peu de pierrailles. C’est précisément de ce milieu que part tout l’effort. Une seconde cause encore de cette division longitudinale, vient de ce que les paremens ou faces étant une fois faites & le plâtre séché, le milieu est rempli de plâtre frais qui distend ces deux côtés. Tout le monde connoît la poussée du plâtre. Propriétaires, qui faites bâtir, veillez à ce que les moellons se touchent, que ceux d’une face croisent ceux de l’autre face, & ainsi de suite sur toute la hauteur & la longueur du mur. L’ouvrier trouvera ce conseil ridicule ou au moins inutile, & voici pourquoi. On ne le paie pas à journée, mais par toise. La première méthode est plus expéditive que la seconde, & c’est ce qui l’intéresse.

Dans les Provinces voisines de la mer, on ne peut pas construire avec du plâtre, au moins à l’extérieur ; je ne nie pas qu’il ne puisse y avoir des exceptions à cette loi, attendu la qualité supérieure du plâtre ; mais je n’en connois point. J’ai dit que le plâtre suivoit, pour la siccité ou pour l’humidité, les variations de l’atmosphère. Le voisinage de la mer en fournit un exemple le plus frappant. L’acide marin disséminé dans l’air s’unit au plâtre, le pénètre à cause de son humidité, forme avec lui un sel neutre, & dès qu’il est formé, sa liaison est détruite, & peu à peu le plâtre