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rétiques : l’on prescrit les feuilles fraîches ou sèches en infusion, quelquefois en décoction.

On a vanté, avec une espèce d’acharnement, les propriétés du cassis ; il n’étoit question que de ses qualités admirables, chaque jardin étoit garni de cet arbrisseau. L’enthousiasme s’est dissipé, & le cassis est presqu’oublié, malgré l’impression d’un ouvrage sur ses propriétés admirables. Il est cependant prouvé que le suc exprimé de ses fruits est recommandé avec raison dans les maladies des voies urinaires, lorsqu’il y a inflammation & acrimonie dans les urines.


Des Groseilliers épineux.


1. Groseillier blanc ou Groseillier à maqueraux, ribes uva crispa. Lin. Grossularia simplici acino, vel spinosa silvestris. Bauh. Son fruit est blanc, sillonné par des raies vertes du sommet à la base, plus gros que tous les précédens ; feuilles plus petites, à trois ou cinq lobes un peu velus en-dessous, soutenues par de courts pétioles. Les tiges de l’arbrisseau sont nombreuses, garnies d’aiguillons doubles ou triples ; l’écorce des jeunes tiges, blanchâtre, & rougeâtre dans les vieilles. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles, disposées en grappes armées d’aiguillons ; les feuilles florales sont simples, placées au-dessous des calices, & les vraies feuilles, placées alternativement sur les tiges. On remarque, à la base de chaque pétiole, trois aiguillons alongés. Il est indigène au nord de l’Europe, & il sert à former des haies.

Cette espèce première a fourni le groseillier épineux à fruit d’un rouge pourpre, plus ou moins foncé ; de couleur violette, ou à fruit plus ou moins blanc & gros.

L’écorce du fruit est, en général, dure, la pulpe douce, sucrée, fade quand il est mûr ; acide & austère avant sa maturité. On l’appelle groseille à maquereaux, parce qu’on se sert de son suc, comme du verjus, pour préparer ce poisson ; le verjus est à préférer.

Les fruits verts font astringens ; ils perdent cette qualité en mûrissant, & ils font indigestes.

Von-Linné décrit plusieurs autres espèces de groseilliers épineux ; mais, comme elles intéressent peu l’agriculteur, je les passe sous silence.


III. Culture.


Ces arbrisseaux réussissent médiocrement dans nos provinces méridionales ; ils n’y sont pas communs, & le groseillier épineux est rare. Lorsque ces arbrisseaux ne sont pas exténués par la chaleur, & qu’ils trouvent une température qui leur convient, ils prospèrent dans presque toute espèce de sol, & exigent peu de soin. On peut forcer sa tige s’élever à quatre ou cinq pieds, & à former une tête, une boule qui devient très-agréable à la vue, lorsqu’elle est chargée de fruits : cependant elle souffre de cette contrainte ; & pour la conserver, il faut avoir soin d’arracher les jeunes tiges qui s’élèvent des racines. Il vaut donc bien mieux laisser à ces arbrisseaux la liberté de suivre le penchant imprimé par la nature, c’est-à-dire, à buissonner. Les tiges nouvelles ou drageons, ordinairement très-nombreuses, servent à multiplier les espèces j il suffit de les détacher de la